Le groupe américain a notamment subi une chute de plus d'un quart de ses ventes en Chine, son deuxième marché après les Etats-Unis, et les prévisions qu'il a présentées pour le trimestre en cours sont inférieures aux attentes.

L'action Apple a perdu jusqu'à 8% dans les transactions hors séance mardi soir, tombant sous le seuil symbolique des 100 dollars pour la première fois depuis février et effaçant quelque 46 milliards de dollars de capitalisation boursière.

La marque à la pomme a vendu 51,2 millions d'exemplaires de l'iPhone sur le trimestre janvier-mars, le deuxième de son exercice fiscal, soit 10 millions de moins que sur la période correspondante de l'an dernier. Ce chiffre est toutefois meilleur qu'attendu puisque les analystes tablaient sur environ 50 millions d'unités écoulées seulement.

Le trimestre se solde par un bénéfice par action de 1,90 dollars alors que le consensus Thomson Reuters I/B/E/S le donnait à 2,00 dollars.

Le chiffre d'affaires, à 50,56 milliards de dollars (44,79 milliards d'euros), est lui aussi inférieur au consensus, qui ressortait à 51,97 milliards.

Le directeur financier du groupe, Luca Maestri, a expliqué à Reuters que les ventes d'iPhone avaient été particulièrement élevées au deuxième trimestre de l'exercice précédent dans le sillage du lancement d'une nouvelle version de l'iPhone.

"L'iPhone 6 est une anomalie et crée donc une comparaison très difficile pour nous", a-t-il dit.

Pour le troisième trimestre de son exercice fiscal, Apple prévoit un chiffre d'affaires de 41 à 43 milliards de dollars alors que Wall Street attendait jusqu'à présent 47,3 milliards.

Le groupe a parallèlement annoncé une augmentation de 50 milliards de dollars de ses distributions aux actionnaires, via une hausse de 10% de son dividende et 35 milliards de dollars de rachats d'actions, qu'il financera en partie par le biais d'emprunts obligataires, ce qui lui évitera de rapatrier les dizaines de milliards de liquidités qu'il conserve à l'étranger, à l'abri du fisc américain.

POSITION DÉFENSIVE

Si les dirigeants du groupe avaient prévenu que les ventes de l'iPhone allaient baisser sur janvier-mars, ils doivent désormais convaincre les investisseurs que ce recul est un phénomène temporaire et non l'amorce du déclin durable d'un produit qui a connu un essor spectaculaire ces dernières années.

L'enjeu est d'autant plus important qu'Apple ne dispose pas d'un produit susceptible de constituer un relais de croissance crédible.

Les ventes de téléphones portables du groupe dirigé par Tim Cook semblent pâtir depuis quelques mois déjà du report des achats de nombreux consommateurs qui préfèrent attendre la probable sortie de l'iPhone 7 en septembre plutôt que d'acheter l'iPhone 6S ou le 6S Plus, expliquent des analystes.

"Apple se retrouve en position défensive et doit faire la preuve de sa croissance; c'est une situation dans laquelle Apple n'a pas eu à se retrouver depuis plusieurs années", explique Patrick Moorhead, analyste de Moor Insights & Strategy.

Le groupe a présenté le mois dernier l'iPhone SE, dont l'écran est plus petit que ceux des autres modèles mais qui est doté de la plupart des fonctions les plus avancées de la gamme.

Ce modèle n'a pas eu d'influence sur les résultats publiés mardi mais Luca Maestri a déclaré qu'il avait réussi un bon démarrage commercial, notamment sur les marchés émergents.

"La situation actuelle à l'échelle mondiale, c'est que nous sommes sous tension au niveau de l'offre", a-t-il ajouté. "La demande est très, très forte."

Le chiffre d'affaires du groupe dans la zone "Grande Chine" (qui regroupe Chine continentale, Hong Kong et Taïwan) a chuté de 26% sur un an mais Luca Maestri a assuré que la position du groupe sur la région n'avait pas changé.

"Nous restons très optimistes sur le marché chinois et nous continuons d'y faire beaucoup d'investissements", a-t-il dit.

En réaction aux annonces d'Apple, les actions de plusieurs fournisseurs du groupe comme Skyworks Solutions, Qorvo, Broadcom et NXP Semiconductors perdaient du terrain dans les transactions hors séance.

Le chiffre d'affaires généré par Apple dans les services, comme la vente de musique ou l'offre de paiement mobile Apple Pay, a progressé de 20% sur un an à six milliards de dollars.

(Julia Love à San Francisco et Anya George Tharakan à Bangalore; Marc Angrand pour le service français)

par Julia Love et Anya George Tharakan