Plombé par ses composantes du secteur de la distribution, l'indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a cédé 23,08 points, soit 0,12%, à 19.918,88, s'éloignant de la barre des 20.000 points.

Le Standard & Poor's 500, plus large, a perdu 4,22 points ou 0,19% à 2.260,96 et le Nasdaq Composite a reculé de 24,01 points (0,44%) à 5.447,42.

Le Dow Jones flirtait depuis plusieurs jours avec la barre historique des 20.000 points et l'avait frôlée de 13 points mercredi avant de commencer à consolider. Il baisse jeudi pour une deuxième séance consécutive, ce qui ne s'était pas encore produit depuis le début du mois.

Depuis l'élection inattendue de Donald Trump à la Maison blanche le 8 novembre, le Dow a pris quelque 9% et le S&P-500 6% dans l'anticipation de mesures de déréglementation, de baisses d'impôts et de dépenses d'infrastructures.

Le Dow a grimpé de 14% depuis le début de l'année et le S&P de 11%, davantage que la hausse de 8% que les analystes prévoyaient en moyenne dans une enquête Reuters il y a un an.

"Le marché marque une petite pause après le récent mouvement haussier mais il n'y a aucune inquiétude concernant les fondamentaux", déclare Jamie Cox, associé chez Harris Financial Group à Richmond, en Virginie. "On a un peu de rotations avec les investisseurs qui sortent des secteurs de la haute technologie et des biens de consommation au profit des télécommunications."

Plus circonspect, Donald Selkin, stratège chez Newbridge Securities in New York, se demande si le marché n'est pas monté trop haut en ligne droite, sachant que le Congrès pourrait atténuer la portée des mesures promises par le président élu après son investiture le 20 janvier. "On a besoin de digérer les gains récents, et une fois qu'il sera président il faudra voir quelles mesures seront effectivement adoptées", dit-il.

L'investisseur activiste Carl Icahn, nommé mercredi conseiller du président en charge des questions de régulation, s'est lui aussi dit préoccupé par le niveau actuel du marché après le récent rally.

LES DISTRIBUTEURS DANS LA CRAINTE D'UNE TAXE

Dans ce contexte et en l'absence de nombreux investisseurs partis en congé, les intervenants ont peu réagi à l'annonce d'une croissance révisée de 3,5% au troisième trimestre en données annualisées, un chiffre meilleur que prévu et sans précédent depuis le troisième trimestre 2014.

La portée de cette statistique a été atténuée par le chiffre mensuel de la consommation des ménages, en hausse de 0,2% en novembre, moins que prévu, avec une stagnation des revenus pour la première fois depuis neuf mois -- des données qui suggèrent un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre.

Huit des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en repli, la plus forte baisse étant accusée par les biens de consommation non essentiels qui ont cédé 1,01%, leur plus forte baisse depuis octobre, sous le poids notamment de Home Depot (-1,02%) et d'Amazon.com (-0,55%).

L'indice des télécommunications a réalisé la meilleure performance avec un gain de 1,02%.

Le compartiment de la distribution a été attaqué en réaction à une information de CNN selon laquelle l'administration Trump pourrait imposer une taxe allant jusqu'à 10% sur les importations. Wal-Mart a chuté de 2,32%, la plus forte baisse du Dow devant Home Depot, Target a lâché 4,40% et Kohl's 4,97%.

Dans le même secteur, Bed Bath & Beyond a été sanctionné d'un recul de 9,17% après la publication, mercredi soir, de résultats trimestriels inférieurs aux attentes.

La plus forte baisse du S&P-500 a été pour Red Hat, le distributeur du système d'exploitation Linux, qui a chuté de 13,89% après la publication là encore de résultats qui ont déçu.

Micron Technology, en hausse de 12,68%, a signé à l'inverse la meilleure performance de l'indice. Le fabricant de puces a fait état d'une première hausse en près de deux ans de son chiffre d'affaires trimestriel et a communiqué pour le trimestre en cours des prévisions supérieures aux attentes.

Dans le même compartiment des techs, Apple a cédé 0,66% après l'annonce par Nokia d'actions en justice contre le fabricant de l'iPhone pour des violations de brevet.

A l'approche des congés de Noël, les volumes ont été peu étoffés avec 5,5 milliards de titres qui ont changé de mains à comparer à une moyenne de 7,3 milliards sur les 20 dernières séances.

Le marché boursier sera ouvert normalement vendredi mais fermé lundi.

Sur les autres marchés, le dollar a également consolidé après son pic de 14 ans atteint cette semaine face à un panier de devises mais son repli a suscité quelques achats qui lui ont permis de repartir légèrement à la hausse après la clôture de Wall Street.

Les cours du pétrole, qui avaient progressé sur le Nymex en profitant du retrait du dollar, ont par contrecoup cédé leurs gains.

Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à 10 ans s'est tendu à 2,58% après les chiffres du PIB avant de revenir à 2,55% en clôture, contre 2,54% mercredi.

(avec Tanya Agrawal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)

par Noel Randewich