Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Corée du Nord, au sujet de la question nucléaire, semblent contre toute attente glisser sur les entreprises américaines les plus présentes en Asie sans les effleurer. Afin de punir Pyongyang de son essai nucléaire du 3 septembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté ce mardi, à l'initiative de Washington, de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, dont un embargo sur ses importations de gaz naturel.

Dans ce contexte, il y aurait fort à parier que les cours de Bourse des groupes américains les plus exposés à la région Asie-Pacifique sous-performent le marché depuis début août, lorsque la rhétorique guerrière a commencé entre les deux nations. Il n'en est rien. Au contraire, au nombre de 82, les sociétés du S&P 500 réalisant au moins 20% de leur chiffre d'affaires dans la zone Asie-Pacifique ont vu leurs cours de Bourse progresser de 0,5% en moyenne entre le 7 août et le 7 septembre, d'après le fournisseur de données financières FactSet.

Mieux, les actions des entreprises américaines qui tirent au minimum 40% de leurs revenus de cette région ont grimpé de 2% au cours de cette période, en moyenne. C'est particulièrement vrai pour l'industrie des semi-conducteurs, où des valeurs comme Applied Materials (>> Applied Materials) et Micron Technologies (>> Micron Technology) se sont respectivement adjugé 2,87% et près de 15% entre le 7 août et le 7 septembre. À l'opposé, le marché américain dans son ensemble a cédé 1,1% dans le même intervalle.

Au lieu de s'inquiéter des éventuelles conséquences économiques des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, les investisseurs ont préféré se concentrer sur des éléments très concrets. À savoir les résultats du deuxième trimestre publiés par les entreprises américaines, d'excellente facture, tirés par leur activité internationale, tout particulièrement en Asie. Le fabricant d'engins de chantier Caterpillar (>> Caterpillar) a vu ses ventes s'envoler de 25% d'avril à juin en Chine, un pays qui bénéficie d'une croissance économique de l'ordre de 7%. Dans le domaine des semi-conducteurs, le chiffre d'affaires de Skyworks Solutions (>> Skyworks Solutions), qui réalise 95,3% de son activité en Asie-Pacifique, a bondi de 20% au cours du troisième trimestre de son exercice fiscal, grâce, notamment, à la demande du fabricant chinois de smartphones Huawei.

Les ventes de General Motors (>> General Motors Corporation) en Chine ont de leur côté grimpé de 12% en août, soit leur plus forte croissance depuis cinq mois, alors qu'elles ont diminué de 2,4% aux Etats-Unis. L'activité des groupes américains exportateurs en Chine est encore plus avantagée par la baisse du dollar, qui accroît leur compétitivité. D'après un rapport publié en juillet par la Chambre de commerce américaine à Shanghaï, 82% des entreprises américaines opérant en Chine tablent sur une hausse de leur chiffre d'affaires dans ce pays en 2017. Cette proportion était de seulement 76% il y a un an.

La bonne dynamique des entreprises américaines en Chine devrait d'autant plus se poursuivre que ce pays a beau être l'un des principaux alliés de Pyongyang, il a annoncé mi-août la suspension d'une partie de ses importations en provenance de la Corée du Nord, en application des sanctions décidées à l'ONU. Un geste qui a conduit le président des Etats-Unis Donald Trump à ne pas mettre à exécution, pour le moment, sa menace de taxer fortement certains produits chinois, ce qui aurait sans doute entraîné des représailles commerciales de la Chine envers les entreprises américaines.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH