C'est une fin d'année tonitruante à laquelle on a assisté sur les marchés du carbone. Powernext Carbon, la bourse européenne de quotas de dioxyde de carbone a en effet indiqué hier dans un communiqué avoir échangé 5 815 000 tonnes de CO2 négociées le mois dernier, ce qui représente ainsi son record, avec une moyenne quotidienne de 306 053 tonnes. Face à cette activité, des nouveaux arrivants sur le marché La bourse, basée à Paris, a également enregistré deux nouvelles arrivées parmi ses membres: les sociétés Financiere Saint Merri et Sempra Energy Europe Limited. Elles ont démarré respectivement le 12 décembre et le 3 janvier, portant ainsi le nombre de membres sur Powernext Carbon à 63.

Avec 31.4 millions de tonnes négociées en 2006, Powernext Carbon consolide sa position dominante au sein des marchés organisés au comptant des permis d’émission de CO2.

2006 'annus horribilis' pour les prix du carbone

Toutefois, si les transactions ne cessent de se développer, les prix ne se sont pas tout à fait remis de la violente correction opérée au courant du premier semestre. Ce sont les statistiques sur les émissions de gaz à effet de serre de la France, des Pays bas, de la République Tchèque et de l’Estonie, qui avaient initié fin avril le fort mouvement vendeurs sur les certificats d’émission de CO2. La tonne de CO2 était alors passée de 30 euros à 10.90 euros début mai sur Powernext. La Suède avait également rapporté entre temps que les émissions de CO2 étaient ressorties 15% inférieur au quota national, d'où l'abondance des certificats d'émissions de CO2 en Europe, qui avaient fait chuter les cours jusqu'à provoquer un mini-krach. Depuis, les cours de la tonne de CO2 sur Powernext ont continué leur chute, et cotent désormais un peu plus de 5 euros la tonne.

Pression des industriels

Le mois dernier, la France a finalement annoncé une baisse des montants totaux des quotas à 132.8 Mt, contre 150 millions de tonnes auparavant. Cet engagement n'a toutefois pas été accueilli avec enthousiasme par certains industriels qui pourraient désormais se trouver confrontés à des coûts supplémentaires.

C'est notamment le cas pour le groupe Arcelor Mittal qui dénonce les quotas de gaz carbonique qui lui sont alloués, rapporte le journal Les Echos. Arcelor réclame une hausse de ces quotas afin d'assurer son développement, entre 3.9 et 4.9 millions de tonnes supplémentaires. Le groupe veut faire pression sur le gouvernement français en brandissant le risque d'une "catastrophe sociale". En jeu : des emplois en Lorraine, Dunkerque et Fos-sur-Mer.

La sidérurgie est le deuxième secteur, après l'électricité, à produire le plus d'émissions de CO2. Sa part de rejets a été baissé de 28 millions de tonnes à "seulement" 24,9.

D'autres acteurs, comme les groupes chimiques, sont tout aussi mécontents de ces efforts supplémentaires à fournir. Les quotas pour la chimie ont ainsi été réduits à 9.8 millions de tonnes.