Areva est sous le coup d'une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) suite à une plainte déposée par le syndicat CFE-CGC SNUCC (Syndicat national du nucléaire et des activités connexes) du groupe. Ce dernier dénonce un "délit de fausse information" lors du lancement du plan d'actionnariat salarié de 2013. En clair, le groupe n'aurait pas dit toute la vérité sur l'état de ses comptes et de son bilan aux salariés qui étaient incités à acheter des actions dans le cadre du plan d'épargne d'entreprise.

"En 2013, les salariés étaient divisés : une moitié croyait à l'entreprise et l'autre était plus prudente, estimant qu'Areva consommait beaucoup trop de cash, raconte Cyrille Vincent, coordinateur CFE-CGC chez Areva, interrogé par AOF. Sur les 14 850 salariés qui ont souscrit à des actions Areva, 300 personnes, tous des salariés français du groupe, se sont jointes à notre plainte. Nous l'avions d'abord déposé auprès du Parquet de Nanterre qui l'a transférée au PNF".

Le syndicaliste évoque notamment un pré-rapport de la Cour des comptes, dont un article des Echos faisait état en mai 2014 mais qui est toujours confidentiel, et qui portait sur la période 2006 à 2012. Ce document qualifiait notamment "d'inquiétante" la situation d'Areva et tirait un bilan sévère de la gestion d'Anne Lauvergeon. Pour Cyrille Vincent, ce rapport suggère que le groupe avait enregistré des pertes régulières sur cette période précédant le lancement du plan d'actionnariat salarié, sans qu'une communication précise ne soit faite sur le sujet à l'époque. Depuis, Areva a lancé une profonde restructuration qui va aboutir à son démantèlement.

Du côté d'Areva, on se défend de toute tromperie ou de tout manque d'information. "Face à la situation actuelle d'Areva, qui impacte le cours de l'action du groupe, nous comprenons que certains salariés actionnaires expriment leur déception. Néanmoins, Areva s'est toujours conformé aux obligations légales en termes de communication financière. Par ailleurs, lors de la période de souscription au plan d'actionnariat salarié Areva en 2013, les salariés ont été informés qu'il existait un risque de perte en capital inhérent à tout achat et à la détention d'actions", précise le groupe dans une déclaration transmise à AOF.