(Avec réaction et proposition syndicale)

PARIS, 1er avril (Reuters) - La reprise de l'ensemble des activités d'Areva dans les réacteurs nucléaires par EDF fait partie des questions posées par l'Etat sur l'avenir du groupe, a déclaré mercredi son directeur général, Philippe Knoche.

Le quotidien Les Echos rapportait vendredi qu'EDF envisageait de prendre une participation majoritaire dans l'ensemble d'Areva NP, qui correspond au périmètre de l'ex-Framatome et regroupe la conception, la fabrication et la maintenance des réacteurs nucléaires, ainsi que la fabrication de gros composants.

Prié de dire si ces activités pourraient passer sous le contrôle d'EDF, Philippe Knoche a déclaré lors d'une audition au Sénat : "C'est une des questions qui nous (sont) posées. Aujourd'hui on a travaillé avec l'Etat, et d'abord avec EDF, sur ce que ça veut dire au niveau opérationnel."

"Il n'y a pas qu'une seule solution. Il y a la solution que vous décrivez mais il peut y en avoir d'autres (...). Maintenant il faut instruire, compte tenu des contraintes à la fois industrielles et financières, c'est la phase dans laquelle nous sommes", a-t-il ajouté.

L'avenir de l'entreprise sera évoqué jeudi après-midi lors d'une réunion du comité de groupe France.

"La solution proposée par l'Agence des participations de l'Etat et le ministère de l'Economie est de vendre complètement Areva NP à EDF sans regarder les conséquences industrielles et sociales", déplore le coordinateur CFE-CGC Cyrille Vincent.

"Nous sommes opposés à un éclatement du groupe par un transfert d'Areva NP vers EDF parce que c'est une fausse solution industrielle", a dit le syndicaliste à Reuters.

La CFE-CGC estime notamment que cela ferait peser sur ce qui resterait d'Areva le coût financier et juridique du projet de réacteur EPR finlandais, qui plombe les comptes du groupe.

Le syndicat entend défendre jeudi une autre solution : la constitution d'une co-entreprise EDF-Areva, filiale des deux groupes, regroupant toute l'ingénierie nécessaire aux grands projets de réacteurs et de retraitement, et susceptible de répondre aux appels d'offre français ou étrangers.

Areva conserverait alors les outils industriels - mines, conversion et enrichissement de l'uranium, fabrication de combustible, retraitement et recyclage, fabrication de grands composants de centrales, maintenance, précise la CFE-CGC.

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron a dit à plusieurs reprises que des rapprochements capitalistiques entre Areva et EDF pourraient intervenir dans certaines activités, notamment dans les réacteurs, "de l'ingénierie à la maintenance".

Le pôle réacteurs et services d'Areva, qui supporte notamment les provisions relatives au chantier de l'EPR finlandais, a accusé en 2014 une perte opérationnelle de 1,2 milliard d'euros.

Il a représenté au total 37% du chiffre d'affaires d'Areva en 2014, soit 3,1 milliards d'euros, et son carnet de commandes s'élevait à 8,6 milliards à fin décembre, représentant trois ans de ventes.

Les effectifs du pôle s'élèvent à 14.745 personnes.

L'Etat est le principal actionnaire d'Areva et d'EDF, avec environ 87% et 84,5% du capital respectivement. (Benjamin Mallet, avec Emmanuel Jarry édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Areva, EDF