- Perte nette de 4,83 milliards d'euros en 2014 en raison d'importantes dépréciations d'actifs

- Areva met en oeuvre un plan de compétitivité qui vise 1 milliard d'euros d'économies à l'horizon 2017

- Areva va se recentrer sur le coeur des procédés nucléaires et développer sa présence en Chine

- Areva veut une "refonte" du partenariat avec EDF

- Areva met en place un plan de financement sur trois ans qui sera présenté d'ici à la publication des résultats semestriels

- Areva étudie également les modalités d'un renforcement adéquat de ses fonds propres

- Areva vise un objectif de cash-flow net positif en 2018 à périmètre et changes constants

Le groupe d'ingénierie nucléaire Areva (>> AREVA) a annoncé mercredi un nouveau plan d'économies, ainsi que le recentrage de ses activités sur les procédés nucléaires, après avoir accusé une perte nette de 4,8 milliards d'euros en 2014.

Le groupe, détenu à 86,5% par l'Etat, a aussi annoncé vouloir accélérer son développement en Chine et mettre en oeuvre une "refonte" de son partenariat industriel avec l'électricien EDF (>> EDF).

Areva prévoit d'économiser 1 milliard d'euros à l'horizon 2017 par rapport à la base de coûts annuelle de 2014. Ce plan de compétitivité reposera en particulier sur de nouveaux leviers dans les achats, sur une forte amélioration de la productivité et de la qualité, en allégeant les structures et en optimisant les implantations géographiques, a indiqué Areva.

L'ensemble de ces mesures vise à redonner au groupe la capacité d'atteindre dans les trois ans un niveau de marge au moins comparable à celui de ses principaux concurrents sur les différents marchés dans le monde.

Refonte de la relation avec EDF

En grandes difficultés, Areva envisage aussi de se recentrer sur ses activités de coeur de métier, les procédés nucléaires. Le groupe espère ainsi gagner en compétitivité et mieux maîtriser les risques liés à la conduite des grands projets de construction ou de modernisation d'installations nucléaires.

"Ce recentrage stratégique conduira à la révision de certaines ambitions, que ce soit dans la conduite des projets de nouveaux réacteurs ou dans les énergies renouvelables", a prévenu le directeur général, Philippe Knoche, cité dans un communiqué.

Areva a aussi déclaré vouloir refonder sa relation industrielle avec EDF pour pouvoir notamment mener au mieux les chantiers nucléaires en cours et à venir, comme ceux de Flamanville 3 et de Hinkley Point au Royaume-Uni, et le développement de l'activité dans les pays émergents.

Le groupe n'a pas précisé les modalités de la refonte de son partenariat avec EDF. Mais les pouvoirs politiques avaient déjà appelé à plusieurs reprises à renforcer les synergies entre les deux sociétés. Dans un entretien au Figaro, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a déclaré mercredi que la "refonte" du partenariat entre EDF et Areva pourrait "aller jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique".

Le mois dernier, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait lui-même indiqué que son groupe travaillait avec Areva en vue de renforcer leurs liens opérationnels.

Par ailleurs, Areva a annoncé un plan de financement sur la période 2015-2017 dont les modalités devraient être dévoilées lors de la publication des résultats semestriels. Le groupe a néanmoins précisé qu'il allait réduire ses investissements à moins de 3 milliards d'euros entre cette année et 2017 et accélérer ses cessions d'actifs.

"L'entreprise étudie également les modalités d'un renforcement adéquat de ses fonds propres", a précisé Areva, alors que de nombreux investisseurs s'inquiètent d'une possible recapitalisation du groupe par l'Etat.

Un redressement de l'activité attendu en 2017

Après les difficultés engendrées par le projet de réacteur nucléaire EPR en Finlande, l'acquisition d'Uramin en 2007 et l'accident de Fukushima au Japon en 2011, Areva a dû faire face l'an dernier à une dégradation de la conjoncture. La performance du groupe a aussi été grevée par ses difficultés dans les énergies renouvelables et par d'importantes dépréciations d'actifs.

Areva a ainsi enregistré des provisions pour pertes de valeur d'actifs des activités nucléaires d'un montant de 1,46 milliard d'euros. Le groupe a aussi comptabilisé des provisions pour pertes à terminaison sur trois grands projets nucléaires de l'ordre de 1,1 milliard d'euros.

Sur l'ensemble de l'exercice 2014, la perte nette du groupe atteint ainsi 4,8 milliards d'euros, contre un déficit de 500 millions d'euros en 2013. Areva avait déjà prévenu la semaine dernière que sa perte nette annuelle avoisinerait 4,9 milliards d'euros.

L'excédent brut d'exploitation, retraité des impacts de cession, s'est inscrit à 735 millions d'euros, contre 991 millions d'euros en 2013. Le chiffre d'affaires est ressorti en baisse de 8,8%, à 8,3 milliards d'euros, dont 8,2 milliards d'euros réalisés dans les activités nucléaires. En données organiques, les revenus de cette branche ont baissé de 7,3%.

Pour 2015, le groupe prévoit encore une baisse de son chiffre d'affaires organique pouvant aller jusqu'à 5% et un cash-flow net, hors plan de compétitivité et coûts de mise en oeuvre associés, négatif entre 1,7 milliard et 1,3 milliard d'euros.

Areva prévoit que son activité se redresse en 2017 et 2018, avec une "légère" croissance du chiffre d'affaires organique. Le cash-flow opérationnel devrait être positif en 2017 et le cash-flow net positif en 2018.

En 2014, le cash-flow opérationnel libre avant impôts est ressorti négatif de 372 millions d'euros.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

(Yann Morell y Alcover a contribué à cet article)

COMMUNIQUES FINANCIERS D'AREVA :

http://www.areva.com/FR/finance-1153/publications-financieres-du-leader-des-metiers-de-l-energie-nucleaire-et-renouvelables.html

Valeurs citées dans l'article : AREVA, EDF