Paris (awp/afp) - Une enquête a été ouverte après la plainte d'un syndicat d'Areva qui accuse le groupe d'avoir incité des salariés à acquérir des actions en 2013 en leur cachant "volontairement" ses difficultés, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Cette enquête pour "diffusion d'informations fausses ou trompeuses", a été ouverte le 29 février par le parquet national financier (PNF) et confiée à la brigade financière, a indiqué à l'AFP une source judiciaire, confirmant une information du Parisien.

Le syndicat national du nucléaire et des activités connexes (SNNUC-CFE-CGC) accuse la direction d'Areva d'avoir dissimulé des éléments sur l'état de ses comptes lors du lancement du plan d'actionnariat salarié de 2013. Des salariés ont investi au total 29 millions d'euros dans ce plan et ont perdu "pratiquement la moitié de leur mise", d'après le syndicat à l'origine de la plainte, déposée en novembre 2015 au parquet de Nanterre puis transférée au PNF.

"Près de 300 salariés, anciens salariés ou retraités d'Areva se sont joints à la procédure", selon l'avocat du SNNUC-CFE-CGC, Cyril Cambon, qui dénonce "le prosélytisme de la direction qui, consciente des difficultés, les a volontairement masquées".

Le spécialiste du nucléaire français, en pleine restructuration après cinq années consécutives de déficit, dément toute tromperie.

"Face à la situation actuelle d'Areva, qui impacte le cours de l'action du groupe (6 euros contre plus de 11 euros en 2013, NDLR), nous comprenons que certains salariés actionnaires expriment leur déception", relève une porte-parole du groupe.

Néanmoins, "lors de la période de souscription au plan d'actionnariat salarié en 2013, les salariés ont été informés qu'il existait un risque de perte en capital inhérent à tout achat et à la détention d'actions", ajoute-t-elle.

Areva est depuis plusieurs années dans le viseur de la justice. Son ex-patronne (2001-2011), Anne Lauvergeon, a été mise en examen mi-mai pour présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations sur la période 2010-2011. Une autre enquête est en cours sur le rachat de la société minière canadienne Uramin en 2007, une opération qui s'est révélée désastreuse pour Areva.

afp/buc