Paris (awp/afp) - Le sauvetage d'Areva a franchi une nouvelle étape jeudi avec l'apport de 2,5 milliards d'euros de l'Etat à NewCo, la nouvelle entité du groupe nucléaire recentrée sur le cycle du combustible.

Comme prévu, l'Etat a participé à une augmentation de capital réservée de NewCo, a indiqué Areva dans un communiqué jeudi soir.

L'investissement des sociétés japonaises Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL) et Mitsubishi Heavy Industries (MHI), pour un montant de 500 millions d'euros, a pour sa part été placé dans une fiducie et devrait être débloqué plus tard.

Areva, en grande difficulté et détenu majoritairement par l'Etat français, met ainsi en oeuvre une étape importante de son plan de sauvetage et de la restructuration de la filière nucléaire française.

Celui-ci prévoit la cession par Areva à EDF du contrôle majoritaire de New NP, son activité réacteurs appelée jusqu'ici Areva NP, pour se recentrer sur le cycle du combustible en créant NewCo.

Dès cette cession de New NP à EDF prévue fin 2017 et sous réserve de la réalisation de certaines conditions, Newco mettra en oeuvre une augmentation de capital destinée à JNFL et MHI pour 500 millions d'euros. A l'issue de cette opération, les deux groupes japonais détiendront chacun 5 % du capital de NewCo.

NewCo aura ainsi été recapitalisée à hauteur de 3 milliards d'euros au total.

Areva SA, la maison mère, avait déjà réalisé une première augmentation de capital de 2 milliards d'euros réservée à l'Etat, annoncée à la mi-juillet.

L'Etat aura ainsi déboursé 4,5 milliards d'euros de deniers publics au total pour le sauvetage de l'ex-fleuron du nucléaire français, mis en danger par des choix stratégiques hasardeux et la morosité du marché de l'atome.

Ces dépenses tombent mal au moment où la France essaie justement de faire des économies pour respecter ses engagements budgétaires européens. Visiblement en colère, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a récemment qualifié la gestion d'Areva par l'ancienne équipe de direction de "véritable scandale républicain".

"Ce n'est même pas de l'impéritie ou de la mauvaise gestion, c'est de la dissimulation systématique et je trouve cela proprement révoltant", avait-il déclaré devant la commission des finances du Sénat.

marché sous pression

Côte résultats, Areva SA a enregistré un bénéfice net de 550 millions d'euros au premier semestre contre une perte de 120 millions un an plus tôt.

Ces chiffres sont toutefois peu significatifs car ils ne portent que sur les activités poursuivies, dont le chantier OL3 en Finlande.

NewCo a de son côté vu son chiffre d'affaires reculer de 9,8% à 1,74 milliards d'euros. L'excédent brut d'exploitation a chuté de 23,5% à 521 millions d'euros.

Pour les activités mines et amont (enrichissement de l'uranium et fabrication du combustible nucléaire), "l'environnement de marché est resté sous pression au cours du premier semestre 2017 avec notamment le maintien à des niveaux bas, dans un contexte volatile, des prix de marché de l'uranium et la poursuite de la baisse des prix de l'enrichissement", note Areva.

Dans l'aval (recyclage et traitement du combustible usé), "des difficultés ont été rencontrées dans les usines de production. Ces dernières ont depuis retrouvé un niveau de production globalement conforme à l'attendu".

afp/rp