Zurich (awp) - Après avoir trébuché au premier semestre de son exercice décalé 2017/18, Aryzta a vécu un 3e trimestre (clos fin avril) difficile. Le chiffre d'affaires du boulanger industriel zurichois a chuté de 16,8% à 811,4 millions d'euros (942,9 millions de francs suisses). Alors que l'entreprise poursuit ses désinvestissements, elle lance un nouvel avertissement sur résultat et un programme visant à réduire ses coûts de 200 millions.

Dans un communiqué diffusé jeudi, le groupe sis à Zurich ajoute que la marge opérationnelle au niveau du résultat d'exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) a atteint un niveau inférieur aux attentes. Dans la foulée, Aryzta a révisé à la baisse son attente en la matière pour l'ensemble de l'exercice. Lors d'une conférence téléphonique, Kevin Toland, le directeur général d'Aryzta depuis septembre 2017, a chiffré le montant attendu à 300 millions d'euros.

Le 25 janvier, date du dernier avertissement sur résultat d'Aryzta, la direction avait évoqué une chute de l'Ebitda de 20% au regard des 420 millions d'euros dégagés durant l'exercice décalé précédent, soit un montant entre 330 et 335 millions. Sans surprise, les investisseurs n'ont pas du tout goûté ce second avertissement sur résultat en l'espace de quatre mois.

A la Bourse, l'action a tenu la lanterne rouge des blue chips durant toute la séance. Elle a terminé en recul de 26,7% à 15,22 francs suisses, avec un plus haut à 16,705 francs suisses et un plus bas à 14,05 francs suisses. Dans le même temps, le SLI a perdu 0,35%.

Approximations

M. Toland a reconnu avoir quelque peu "sous-estimé les défis d'un marché exigeant", en particulier l'affaiblissement du climat de consommation en Grande-Bretagne ainsi que les hausses des prix du beurre, lesquelles se sont révélées supérieures aux attentes. Dans ce contexte et au vu d'une performance trimestrielle en-deçà des objectifs, le groupe a décidé d'élargir le programme de restructuration annoncé en mars et qui ne concernait à l'origine que l'Amérique du Nord.

La réorganisation doit désormais permettre des économies de 200 millions d'euros sur les trois prochains exercices. Si le coût de l'opération n'est pas encore connu, les charges qui en découlent seront passées pour la première fois dans les comptes du 4e trimestre, qui s'achèvera fin juillet. Le programme vise avant tout à améliorer la chaîne d'achats de matières premières, à optimiser l'utilisation des capacités de production et moderniser ces dernières.

La direction du groupe n'a en revanche pas confirmé l'objectif de boucler à l'issue de l'exercice en cours son programme de cession d'actifs, devisé à un minimum de 450 millions d'euros. "Nous y travaillons, mais le timing des désinvestissements dépend de nombreux facteurs", a relevé M. Toland.

Aryzta a déjà procédé à des cessions à hauteur de 140 millions d'euros. Les ventes de Cloverhill et de La Rousse Foods ont notamment été finalisées en début d'année.

En mode survie

Sur le trimestre sous revue, les ventes exprimées sur une base organique se sont aussi repliées de 1,2% en glissement annuel. Aryzta explique le tassement de ses revenus à hauteur de 6,7% du fait des effets de change et pour 8,9% en raison des désinvestissements. Ventilé selon les régions, le chiffre d'affaires s'est contracté de 6,4% à 409 millions d'euros en Europe, alors qu'il a dégringolé de 28,2% à 340,4 millions en Amérique du Nord et de 13,3% à 62 millions dans le reste du monde.

Après neuf mois, les ventes affichent une baisse annuelle de 9,8% à 2,6 milliards d'euros. Là aussi, le chiffre d'affaires exprimé sur une base organique a diminué de 1,8%. Les cessions ont quant à elles pesé à hauteur de 3% sur les revenus et les effets de change pour 5%.

Le groupe , né de la fusion en 2008 du boulanger industriel zurichois Hiestand - fondé il y a cinquante ans - et de l'irlandais IAWS, a connu ces derniers mois passablement de changements au sein de sa direction, après la démission en bloc l'an dernier de trois piliers de l'ancien encadrement du groupe. Son actuel directeur général, Kevin Toland, et le directeur financier (CFO) Frederic Pflanz ont respectivement pris leur fonction en septembre et janvier derniers. Plus récemment, le responsable pour l'Europe, Dermot Murphy, a jeté l'éponge et a été remplacé par Gregory Sklikas.

Pour certains observateurs, le nouvel avertissement sur résultat ne constitue pas nécessairement une surprise, après la nomination d'une nouveau responsable pour les activités nord-américaines du groupe. La révision des objectifs en matière de rentabilité met une fois de plus en lumière la phase difficile que traverse Aryzta, estime ainsi Baader Helvea, ajoutant que l'entreprise lutte désormais pour sa survie.

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