L'étude appelée Mystic, sur la combinaison de deux médicaments d'immunothérapie injectables, était l'essai clinique le plus attendu de l'année dans l'industrie pharmaceutique.

Ses premiers résultats décevants font chuter AstraZeneca de 15,8% à la Bourse de Londres vers 8h30 GMT, la plus forte baisse de son histoire.

Les données initiales de Mystic montrent que la combinaison de durvalumab et tremelimumab n'est pas plus efficace pour stopper la progression du cancer du poumon que la chimiothérapie chez les patients présentant un certain type de tumeur.

Elles font aussi ressortir, bien que cela n'ait pas fait l'objet de tests formels, qu'une monothérapie en durvalumab n'aurait pas atteint un seuil prédéfini de survie. Le durvalumab est déjà commercialisé pour le traitement du cancer de la vessie, sous le nom Imfinzi.

Les résultats de l'étude étaient censés démontrer la valeur des médicaments en développement d'AstraZeneca et assurer son avenir en tant qu'entité indépendante, après le rejet en 2014 d'une tentative d'OPA de 118 milliards de dollars de l'américain Pfizer.

Les incertitudes sur les résultats de Mystic ont aussi alimenté les spéculations récentes sur un départ possible du directeur général Pascal Soriot.

"Malgré les résultats initiaux, nous devons faire preuve de patience car l'essai Mystic continue comme prévu pour évaluer les taux de survie", a déclaré le patron français d'AstraZeneca dans le communiqué.

S'exprimant ensuite en téléconférence, il a refusé de commenter les récentes informations de presse qui le donnaient en partance pour Teva mais il s'est dit "fier" de diriger AstraZeneca.

UNE BONNE NOUVELLE POUR MERCK ?

Le revers de Mystic pourrait être une bonne nouvelle pour Merck & Co, seul groupe à commercialiser aujourd'hui un traitement immunothérapeutique pour le cancer du poumon. AstraZeneca a d'ailleurs annoncé une collaboration stratégique avec le laboratoire américain dans ce domaine.

Bristol-Myers, qui travaille sur une combinaison similaire à celle testée par AstraZeneca, risque en revanche en pâtir, estime l'analyste de Bernstein Tim Anderson.

AstraZeneca, arrivé assez tardivement sur le marché de l'immunothérapie, testait la combinaison durva/treme à l'intention de patients présentant un cancer du poumon avancé sans traitement préalable.

Un essai séparé appelé Pacific avait précédemment montré que le durvalumab seul pouvait aider des patients à un stade moins avancé de la maladie.

Un autre essai clinique, Flaura, a montré en revanche des résultats encourageants pour un médicament à prise orale contre le cancer du poumon, la pilule Tagrisso.

L'annonce des résultats de Mystic a coïncidé avec la publication des résultats du deuxième trimestre d'AstraZeneca qui ont été impactés par la perte de brevets sur des médicaments populaires comme l'anti-cholestérol Crestor.

Le chiffre d'affaires a reculé de 10% à 5,05 milliards de dollars (4,30 milliards d'euros), à comparer à un consensus Reuters de 5,0 milliards.

Le bénéfice par action a progressé de 5% à 87 cents, supérieur lui aussi au consensus qui était à 80 cents.

AstraZeneca a réitéré sa prévision d'une baisse de son chiffre d'affaires et du BPA sur l'ensemble de l'exercice.

(Véronique Tison pour le service français)

par Ben Hirschler