PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'offre du gestionnaire d'infrastructures italien Atlantia sur son concurrent Abertis pourrait bien débloquer le conflit qui complique les relations entre le groupe espagnol et Eutelsat depuis un an.

Selon le quotidien économique ibérique Expansión, Abertis et l'opérateur européen de satellites seraient proches d'un accord qui verrait le premier acquérir la participation du second dans Hispasat, neuvième opérateur de satellites au monde. Abertis contrôle 57% du capital d'Hispasat, tandis qu'Eutelsat en détient 33,69%. Le solde est détenu par l'Etat espagnol.

Les bisbilles entre les deux protagonistes remontent au mois de juillet 2016. A cette période, l'opérateur européen avait annoncé l'exercice d'une option de vente sur ses parts, accordée en 2008 par le groupe espagnol et qui prenait fin en juillet 2017. Selon Eutelsat, son partenaire est dans l'obligation de réaliser l'acquisition, à une valeur déterminée par un expert indépendant. A l'époque, Abertis avait refusé de reconnaître la validité de l'option de vente. Depuis, les positions s'étaient légèrement assouplies (la transaction devait de toute façon obtenir l'assentiment de Madrid), mais sans qu'une solution soit trouvée.

Selon Expansión, le gestionnaire d'infrastructure paierait environ 300 millions d'euros pour acquérir la participation d'Eutelsat - un montant proche des 282,2 millions d'euros inscrits dans le document de référence 2015/16 de l'opérateur européen. Un accord pourrait être annoncé ce mois-ci, selon le journal espagnol. Contacté par L'Agefi, Eutelsat n'a pas souhaité faire de commentaire.

Quoi qu'il en soit, l'offre d'Atlantia sur Abertis modifie considérablement le contexte des discussions. Mardi, le ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos, a qualifié Hispasat d'actif stratégique, dont le sort serait surveillé en cas d'acquisition d'Abertis : l'opérateur contrôle en effet le système national de communication par satellite. Il n'interférera toutefois pas dans les négociations entre les deux gestionnaires d'infrastructures, a-t-il précisé.

Madrid pourrait par exemple exiger que la participation d'Abertis dans Hispasat soit cédée comme condition à son acceptation de l'offre d'Atlantia. Une telle perspective n'embarrasserait pas nécessairement le groupe italien, pour qui des cessions d'actifs lui permettraient de dégager des marges de manœuvre financière pour financer son acquisition. Il a déjà fait savoir qu'il ne souhaitait pas conserver Cellnex, dont Abertis détient 34% du capital.

-Antoine Landrot, L'Agefi. ed: VLV

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