Atos a annoncé jeudi un projet de distribution à ses actionnaires de 23,4% du capital de sa filiale Worldline, parachevant ainsi la séparation des activités du groupe spécialisé dans les moyens de paiement, entamée lors de son introduction en Bourse en 2014.

A l'issue de ce projet - qui devrait être finalisé au cours de la première quinzaine de mai, après son adoption par l'assemblée générale du 30 avril - le groupe de services informatiques (SSII) dirigé par Thierry Breton ne détiendra plus que 27,4% du capital de Worldline, dont le flottant sera porté à environ 45,7%.

Les actionnaires d'Atos recevront deux actions Worldline pour cinq actions Atos.

"À travers (c)e projet (....), nous créons deux pure players mondiaux à la flexibilité stratégique et financière accrue", souligne dans un communiqué le PDG d'Atos.

Cette opération intervient après les acquisitions l'an dernier par Atos de la SSII américaine Syntel pour 2,9 milliards d'euros et du groupe suisse Six Payment services par Worldline pour 2,3 milliards, dans un secteur des moyens de paiement en pleine ébullition, marquée par une vague de consolidation.

Cette activité est en effet au coeur de la bataille que se livrent les banques, les SSII et des acteurs comme Amazon, Google ou Apple pour capter la manne représentée par les données des consommateurs.

A l'occasion d'une journée investisseurs organisée au siège d'Atos, le groupe a par ailleurs confirmé ses objectifs 2019 après une année 2018 décevante, marquée par le recul de l'activité de la division "Infrastructure et Data management".

ACCÉLÉRER LA TRANSITION

Le titre Atos a ainsi reculé de 41% en 2018, en raison notamment de la révision à la baisse en octobre de son objectif 2018 de chiffre d'affaires, qui s'est finalement établi à 12,26 milliards d'euros (+1,2% en organique) avec une marge opérationnelle en repli à 10,3% (contre 10,8% en 2017).

Dans le cadre de son nouveau plan stratégique "Advance 2021" à trois ans, Atos vise une croissance organique du chiffre d’affaires comprise entre +3% et +4% en moyenne sur la période 2019-2021, une marge opérationnelle de l’ordre de 13% ainsi qu'un flux de trésorerie disponible de 1,2 à 1,3 milliard d’euros en 2021.

Après la déconsolidation de Worldline, ce plan correspond à une croissance du chiffre d’affaires de +2% à +3%, un taux de marge de 11%-11,5% et un flux de trésorerie disponible compris entre 0,8 milliard et 0,9 milliard en 2021.

Ce plan doit notamment permettre à Atos d'accélérer la transition de ses activités de Gestion des Infrastructures et des Données vers de nouveaux relais de croissance, comme l'intelligence artificielle, l'internet des objets ou encore les systèmes d'automatisation.

"Les résultats annuels 2018 sont décents, les perspectives solides et la déconsolidation de Worldline va permettre de dégager de la valeur", résument les analystes de JPMorgan Cazenove, à surpondérer sur le titre avec un objectif de 85 euros.

A 10h03, Atos progressait de 7,2% à 81,04 euros, enregistrant ainsi la plus forte progression du CAC 40, tandis que celui de Worldline cédait 2,6% à 46,28 euros.

(Jean-Michel Bélot, avec Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : AtoS SE, Apple, CAC 40, Amazon.com, Worldline, Alphabet