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(Easybourse.com) Pourriez-vous revenir sur les raisons vous ayant conduit à lancer une augmentation de capital de 3 millions d'euros et à émettre un emprunt obligataire ?
Pelican Venture, que je préside, a pris le contrôle d'Auplata il y a près d'un an et demi, à un moment où la situation de la société était particulièrement difficile.

Nous avons donc décidé de reprendre les choses en main en rachetant les titres détenus par le premier actionnaire, Christian Aubert, qui souhaitait s'en dégager. J'ai finalement repris personnellement la présidence du Conseil d'Administration afin d'initier un certain nombre d'actions destinées à redresser la société, autant sur le plan industriel, en lançant la mise en œuvre d'un nouveau procédé de récupération de l'or, que sur celui du management en renouvelant largement l'équipe dirigeante. Nous avons par ailleurs normalisé les relations de la société avec les administrations qui ont la tutelle sur les exploitations minières, et qui peuvent s'opposer à tout moment à celles qui ne sont pas conformes aux normes en matière d'environnement, en réalisant d'importants travaux de mise aux normes.

Parallèlement, un fait nouveau s'est produit au mois d'octobre dernier : nous avons reçu un courrier de la société Golden Star Ressources Ltd. nous avisant qu'ils souhaitaient céder leurs titres en Guyane à une société canadienne, et nous proposant d'exercer le droit de préemption dont nous disposions.

Nous avons décidé d'exercer ce droit afin d'acquérir, sous la réserve du droit d'opposition de l'Administration, des titres miniers qui sont très importants. Au total, nous avons donc deux raisons importantes pour réaliser ces opérations de refinancement : d'une part, développer notre nouveau procédé et l'appliquer à l'échelle industrielle (construction de l'atelier de lixiviation en cuves agitées) ; et d'autre part, faire face aux dépenses inhérentes à la possession de ces nouveaux titres miniers (travaux de recherche et de prospection, surveillance des sites, réhabilitation des exploitations déjà réalisées, etc.).

La construction de l'atelier de lixiviation en cuves agitées devrait nous coûter entre 3 et 4 millions d'euros, sachant que l'enjeu de cet atelier est de nous permettre de doubler nos rendements de production et d'extraction de l'or, et de récupérer environ 40% de l'or stocké dans les «taillings» (entre 4 et 5 tonnes d'or) dont nous disposons sur le site de Dieu Merci et qui sont les résidus d'une d'exploitation antérieure.

Pourquoi avoir choisi un emprunt obligataire indexé sur le cours de l'once d'or ?
Nous avions déjà réalisé des augmentations de capital par le passé, et nous ne voulions pas, à l'occasion de ce nouveau besoin de financement, diluer trop les actionnaires existants. C'est pourquoi l'augmentation de capital est limitée à 3 millions d'euros, avec maintien du DPS. De plus, un bon de souscription d'action valable un an sera attribué gratuitement à tous les actionnaires à l'issue de l'opération.

Notre premier objectif consiste donc à ne pas léser les actionnaires qui nous ont fait fortement confiance ces derniers mois.

Ensuite, nous pensons que l'or intéresse le grand public, donc proposer un produit qui permet à des épargnants de bénéficier dans une certaine mesure de la hausse du prix de l'or, nous a semblé une bonne idée. Si nous sommes amenés à verser 12% de taux d'intérêts, j'en serai ravi puisque ceci ne se produira que si le cours de l'or monte à des niveaux plus élevés qu'ils ne le sont aujourd'hui. Après tout, notre prospérité est directement liée au cours de l'or puisque nos coûts de production sont relativement fixes, et nos revenus sont complètement proportionnels au cours de l'or. Si le cours baisse, nous serons encore amenés à servir 6%, ce qui est un rendement plancher tout de même appréciable.

Toutes ces raisons nous ont donc fait penser que ce produit apparaissait assez intelligent dans le cas d'Auplata.

Plusieurs experts émettent des doutes sur cette offre. Certains d'entre eux déconseillent d'y souscrire en raison des multiples avanies que l'entreprise a connues ces dernières années, le fait que la concurrence sur ce secteur soit rude et que l'entreprise conserve un profil de risque élevé… Qu'en pensez-vous ?
Il est vrai que le chiffre d'affaires d'Auplata est encore modeste, que la société est fragile dans la mesure où lorsqu'on prend un minerai aurifère et que l'on n'extrait que 25% de l'or qu'il contient, alors que les coûts de production varient peu en fonction du taux de récupération, la société est nécessairement dans une situation fragile.

Ce que nous avons réussi à faire, grâce aux opérations de réduction de coûts et d'amélioration de nos usines menées depuis fin 2008 et aidés par la bonne tenue du cours de l'or, c'est d'arriver  à une trésorerie d'exploitation sur nos deux mines à peu près à l'équilibre.

Je crois que nous sommes parvenus à régler les grands disfonctionnement de l'entreprise, et je répète que notre objectif reste de pouvoir extraire 2 à 3 tonnes d'or dans les prochaines années, uniquement avec notre nouveau procédé au thiosulfate. Ceci représente des résultats potentiels conséquents pour Auplata. Donc la fragilité d'Auplata est certes une réalité aujourd'hui, mais il s'agit aussi d'une société qui repose sur des projets et des espoirs concrets : lorsque nous détiendrons entre 400 et 500 km² de permis supplémentaires relatifs à des zones qui contiennent de l'or, nous préparerons les 10 ans à venir ; nous avons également demandé un permis de recherche supplémentaire sur une zone connexe à l'un de nos sites miniers en exploitation. Nous avons que cette zone renferme de l'or, et elle pourra être exploitée directement par notre usine de Dieu Merci.

Estimez-vous que les taux proposés prennent en compte les risques attachés à la société, tant en termes de crédit que de liquidité ?
Notre endettement auprès des établissements de crédit ressort à 3,1 M€ au 30 juin 2009, essentiellement destiné à financer des matériels d'exploitation. Nous menons une politique de désendettement volontariste.

Ce qu'il faut retenir, c'est d'une part que nous détenons un portefeuille de titres miniers que nous pouvons valoriser, et d'autre part, que nous produisons de l'or dans des conditions sérieuses et respectueuses de la réglementation. L'Administration est désormais bien disposée à notre endroit et nous a donc accordé un permis d'exploitation sur le site de Yaou. Cela signifie qu'elle considère que nous disposons des capacités techniques et financières suffisantes pour le faire. D'ailleurs, il faut savoir qu'en France, l'Administration ne vend pas les permis, mais elle les octroie, ce sont donc des actifs qui ne sont pas valorisés au départ mais qu'il appartient à l'entreprise de gérer !

D'autres considèrent également que si l'on souhaite miser sur la hausse des cours de l'or, mieux vaut opter pour d'autres produits, comme l'or lui-même…
En matière d'obligations, il y a toujours une incertitude sur la solidité de l'émetteur, c'est vrai. Tout dépend maintenant de l'appréciation que l'on en fait. Je ne suis pas irresponsable, mais je ne suis pas un magicien, je ne peux donc pas vous assurer à 100% qu'Auplata n'aura jamais de difficultés. 

Vous et la famille Aubert avez cédé des titres récemment…
Il ne nous appartient pas de commenter les cessions de titres de la famille Aubert. Quant à Pelican Venture, nous avons effectivement vendu des titres afin d'assurer les apports en comptes courants nécessaires à Auplata qui était, d'une part, en déficit d'exploitation pendant toute l'année 2009 notamment compte tenu du développement du nouveau procédé de récupération, et qui, d'autre part, avait besoin de cash pour son désendettement.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

- 08 Février 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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