Charley Grant, The Wall Street Journal

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Consacrer près de 9 milliards de dollars à un laboratoire pharmaceutique qui ne dégage pas encore de chiffre d'affaires est un pari moins risqué qu'il n'y paraît. Et c'est justement ce que compte faire Novartis. Le géant pharmaceutique suisse a annoncé lundi qu'il allait acquérir le spécialiste américain de thérapie génique AveXis pour 8,7 milliards de dollars en numéraire, soit une prime de 88% par rapport au cours de clôture de vendredi. Le prix d'achat, assorti au fait qu'AveXis ne contribuera pas aux résultats avant 2020, si tout se déroule comme prévu, ne manquera pas de mécontenter certains investisseurs, qui pourraient juger que Novartis paie trop cher. Un portefeuille prometteur

L'opération met pourtant en évidence une réalité du secteur pharmaceutique : un portefeuille prometteur de médicaments en développement constitue l'actif le plus précieux qu'un laboratoire peut offrir à ses actionnaires. Le fait de ne pas réussir à développer une palette suffisamment étoffée de molécules expérimentales finit par miner la performance du titre, car les investisseurs s'attendent à ce que les médicaments déjà sur le marché se heurtent à la concurrence des génériques.

Sur ce front, AveXis sera un atout pour Novartis. Lors d'une réunion médicale organisée l'an dernier aux Etats-Unis, la présentation de données cliniques préliminaires concernant des patients atteints d'amyotrophie spinale a été accueillie par une salve d'applaudissements spontanés, fait assez rare dans ce genre d'événements. Novartis pense que les traitements développés par AveXis pourraient à terme permettre de soigner plusieurs maladies rares et générer des milliards de dollars de ventes annuelles, ce qui justifierait la note salée que s'apprête à régler le groupe suisse. Des cessions renforçant le profil financier de Novartis

Novartis peut sans aucun doute se permettre de prendre un tel risque. A 19 milliards de dollars, sa dette nette représente moins de deux fois son flux de trésorerie disponible de l'an dernier, et le groupe a annoncé en mars qu'il comptait vendre pour 13 milliards de dollars sa participation dans une coentreprise de santé grand public avec GlaxoSmtihKline (GSK.LN). Novartis pourrait à l'avenir parier sur d'autres traitements expérimentaux prometteurs s'il décidait de céder de nouveaux actifs, comme sa division ophtalmique.

L'acquisition d'AveXis présentant un risque financier restreint et beaucoup d'avantages potentiels, les actionnaires de Novartis n'ont pas vraiment de quoi se plaindre. -

Charley Grant

, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH

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