Confronté à de nombreux concurrents comme Hertz, Avis ou Sixt, à la révolution des réservations par internet et à l'émergence des services d'autopartage et de covoiturage, le leader européen de la location de véhicules est à mi-chemin d'un plan stratégique lancé en 2012 pour adapter son offre et réduire ses coûts.

"L'entrée en Bourse, si ce projet se concrétise, va accélérer le développement du groupe et répond à un marché en croissance, qui est marqué par le développement de nouvelles solutions de mobilité", a déclaré le président du directoire et directeur général d'Europcar, Philippe Germond, au cours d'une téléconférence.

"Cette opération va nous permettre de renforcer notre structure de financement, d'accélérer les déploiements de notre stratégie et de disposer d'une capacité d'investissement supérieure pour développer les axes de croissance du groupe", a-t-il ajouté.

Europcar utilisera ainsi le produit de l'augmentation de capital pour rembourser de manière anticipée des obligations subordonnées existantes 2017. Il compte ramener son ratio d'endettement à 1,5 fois son Ebitda ajusté à la fin de 2015, et à moins d'une fois fin 2017, terme du plan "Fast lane". Au premier trimestre, ce ratio est ressorti à 2,8 fois.

L'IPO comportera aussi une émission secondaire via la vente par Eurazeo, qui détient 87% d'Europcar, d'une partie de ses titres.

La directrice financière du groupe de location, Caroline Parot, a indiqué qu'il était prématuré de dire de combien Eurazeo réduirait sa participation, mais a ajouté que la société d'investissement resterait un actionnaire "significatif" d'Europcar.

"BON TIMING"

Europcar cherche à se développer en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe de l'Est. Face au boom de la location de très courte durée, ou autopartage, le groupe a également racheté la start-up française Ubeeqo et créé une co-entreprise avec l'allemand Daimler, car2go.

Au premier trimestre, basse saison pour le secteur, le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 10,6% à 414 millions d'euros, son quatrième trimestre consécutif de hausse. L'Ebitda ajusté est ressorti négatif à hauteur de quatre millions, mais a atteint un niveau record de 219 millions sur les douze derniers mois.

Europcar vise pour 2015, 2016 et 2017 une hausse organique de 3 à 5% de son chiffre d'affaires chaque année, ainsi qu'une marge d'Ebitda ajusté de 13% en 2017.

"Sous réserve de l’introduction en bourse, Europcar a également pour objectif de proposer à ses actionnaires de distribuer, à compter de 2017, un montant annuel représentant au moins 30% de son résultat net annuel de l'exercice précédent", a ajouté le groupe dans un communiqué.

Interrogé sur la récente multiplication de reports ou annulations d'introductions en Bourse faute de demande suffisante des investisseurs, Caroline Parot a répondu que le groupe comptait toujours boucler l'opération d'ici la fin juin, sous réserve que les conditions de marché ne se dégradent pas.

Selon les spécialistes des marchés, l'appétit des marchés reste intact pour les opérations de qualité, en dépit des échecs récents des IPO de Labco et Solairedirect.

"Nous considérons que c'est le bon timing pour la société, aujourd'hui nous considérons que lancer l'opération est pertinent pour le groupe Europcar dans les conditions que nous voyons à ce stade", a ajouté Caroline Parot.

Europcar a également annoncé jeudi qu'il se doterait d'un conseil de surveillance qui sera présidé par Jean-Paul Bailly, ancien PDG de la Poste.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Alexandre Boksenbaum-Granier