PARIS (Agefi-Dow Jones)--Axa France est au milieu du gué. La réorganisation de la filiale tricolore par métiers et non plus par produits, qui doit permettre de réaliser 500 millions d'euros d'économies d'ici à 2020, est mise en œuvre depuis le 1er février.

"La direction minimise les effets sur les agents généraux et les salariés, mais c'est une catastrophe", lâche Bernard Bosc, coordinateur national adjoint de la CFDT chez Axa France. "Rien n'a été anticipé, tant du point de vue organisationnel que des ressources. Le groupe essaye de transformer au forceps les salariés en polyvalents, mais on ne s'improvise pas spécialiste en assurance construction ou automobile."

Les représentants du personnel sont unanimes : les salariés ont l'habitude des réorganisations, mais là, "c'est du jamais vu depuis la création d'Axa. Il y a des risques de burn-out", poursuit Bernard Bosc. Car à l'importance et à la vitesse de la transformation s'ajoute le manque d'effectifs, à charge de travail équivalente.

"Il y a moins de salariés à cause des départs en retraite et en pré-retraite", explique Giulia Schumacher, syndicaliste chez Unsa. "Il y a certes des recrutements mais en CDD, les personnes ne sont pas encore formées." Parmi les salariés eux-mêmes, "il y a beaucoup de personnes à re-former, ce qui réduit la capacité de production", ajoute Alain Jolly, à la CFE-CGC.

Cette transition délicate se ressent côté agents généraux. Ils contactent désormais le groupe avec un seul numéro de téléphone et un seul email, alors qu'auparavant chaque région avait ses interlocuteurs spécialisés sur la branche particuliers et d'autres pour les professionnels.

"La réorganisation devrait permettre de mutualiser les effectifs et donc d'éviter des effets de saturation", se réjouit Thierry Suin, vice-président de Réussir, le syndicat des agents généraux d'Axa France. "Mais à l'heure où je vous parle, il est compliqué de joindre les services." "On est plutôt dans une phase de désorganisation", glisse Alain Jolly.

En outre, comme annoncé dans L'Agefi en janvier, la direction a dénoncé l'accord de compte épargne temps qui permettait aux salariés de mettre des congés de côté. "A cause de ces absences supplémentaires, nous craignons des difficultés en 2018", dit Giulia Schumacher.

Karima Silvent, DRH d'AXA France, souligne que la transformation "n'a pas eu d'impact pour trois quarts des collaborateurs d'Axa France. […] Je suis confiante dans la capacité des équipes à mener à bien notre nouvelle organisation".

-Jade Grandin de l'Eprevier, L'Agefi. ed: VLV

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones