NEW YORK (awp/afp) - Les cours pétroliers ont monté vendredi à New York à l'aide d'un affaiblissement du dollar, interrompant de justesse une semaine de baisse continue face aux craintes renouvelées d'une surabondance persistante d'or noir dans le monde.

Le cours du baril de référence (WTI), qui n'avait fait que baisser lors des six précédentes séances pour tomber au plus bas depuis trois mois, a repris 46 cents à 41,60 dollars sur le contrat pour livraison en septembre.

A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, a baissé de 24 cents à 42,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), lesté par des considérations techniques au jour de son expiration.

"Le dollar baisse trop pour que les cours du pétrole puissent résister à la corrélation inverse entre les deux", a résumé Bob Yawger, de Mizuho Securities.

Le billet vert, dont la faiblesse profite aux cours de l'or noir, car ils sont libellés en monnaie américaines et en deviennent moins coûteux, pâtit d'un chiffre très décevant sur la croissance américaine trimestrielle, à seulement 1,2% du produit intérieur brut (PIB) au dernier trimestre.

"Le marché du pétrole essaie une nouvelle fois de se ranimer à l'aide de la faiblesse du dollar, et cette fois cela semble fonctionner", a reconnu dans une note Matt Smith, de ClipperData, même s'il prévenait que, sur un autre plan, "cette grosse déception sur le PIB américain alimente les inquiétudes sur l'économie" et en conséquence pour la demande d'or noir.

- Les pétroliers attendent -

Au regard de sa chute des dernières séances, qui a fait perdre aux cours du WTI 20% de leur valeur par rapport à leur niveau de juin, le marché n'a en tout état de cause enregistré qu'un rebond minime vendredi.

"De mon point de vue, il s'agit essentiellement d'un rebond technique qui était inévitable", a expliqué Christopher Dembik, analyste de Saxo Bank.

Mais "c'est un mouvement qui sera vraisemblablement éphémère, puisque les fondamentaux du marché confirment encore le déséquilibre entre l'offre et la demande", même s'il se résorbe peu à peu, "et que les investisseurs commencent à s'inquiéter de l'évolution de la production pétrolière américaine", a-t-il prévenu.

Alors que la production des Etats-Unis n'a quasiment fait que décliner au premier semestre, donnant une lueur d'espoir au marché, elle donne des signes de rebond depuis quelques semaines.

De plus, le nombre de puits américains en activité a encore un peu augmenté cette semaine, de trois unités, selon le décompte du groupe privé Baker Hughes, dont certains observateurs font un indicateur avancé de la production.

Parallèlement, "les investisseurs s'inquiètent (...) de voir des stocks élevés d'essence et de brut, alors qu'ils s'attendaient à ce que la saison estivale des déplacements rééquilibre beaucoup plus la situation", a rappelé Mike Lynch de Strategic Energy & Economic Research.

Si les investisseurs ont beaucoup eu tendance à regarder vers les Etats-Unis ces dernières séances, l'actualité n'était pas plus engageante à l'international vendredi pour le marché, avec notamment un accord salarial en Libye, toujours perturbée par une guerre civile aux multiples acteurs, entre les autorités internationalement reconnues et une milice chargée de protéger des installations pétrolières.

A cela s'ajoutaient "des informations selon lesquelles des pétroliers remplis de brut sont stationnés autour de la côte britannique", a écrit Tim Evans de Citi, remarquant que cela avait pu contribuer à plomber les cours du Brent.

Il évoquait en outre des chiffres de l'agence Reuters selon lesquel la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a encore augmenté en juillet.

En s'abstenant depuis la fin 2014 d'abaisser sa production, le cartel contribue à la faiblesse du marché, qui avait chuté en février au plus bas depuis 2003 avant de se reprendre à l'aide notables de problèmes ponctuels d'offre dans le monde.

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