Pressée comme d'autres banques italiennes d'assainir son bilan mis à mal par des années de récession, Creval utilisera cette somme pour se débarrasser de créances douteuses qui représentaient plus d'un cinquième de l'encours de ses crédits à fin 2017.

La banque a détaillé durant le week-end son plan de redressement appelé "Renaissance", qui vise à restaurer sa rentabilité sur la période 2018-2020.

Creval a précisé que la mise en oeuvre du plan serait surveillée de près par les autorités de régulation, avec un premier examen prévu immédiatement après la levée de fonds.

L'augmentation de capital court jusqu'au 8 mars, chevauchant les élections législatives italiennes du 4 mars dont l'issue incertaine maintient les marchés sous tension.

Creval propose jusqu'à sept milliards d'actions nouvelles au prix unitaire de 10 centimes, soit 0,42 fois la valeur de ses actifs.

Certains investisseurs jugent la décote attractive dans le contexte de reprise économique en Italie et des anticipations de consolidation du secteur bancaire.

Creval avait indiqué précédemment que l'assainissement de son bilan préparerait le terrain à une fusion "inévitable."

En décembre, la banque rivale Carige a difficilement bouclé une augmentation de capital de 540 millions d'euros, ayant dû activer des accords avec des investisseurs pour suppléer ses actionnaires qui n'avaient souscrit l'opération qu'à 66%.

Creval a annoncé de la même manière samedi que le fonds londonien Algebris, le spécialiste des créances douteuses Credito Fondiario et la salle de ventes autrichienne Dorotheum s'étaient engagés à acheter des titres qui ne trouveraient pas preneurs à hauteur de 55 millions d'euros au maximum.

L'action Creval cède 7,40% à 0,1039 euro à la Bourse de Milan vers 11h00 GMT, ayant perdu 80% de sa valeur depuis l'annonce début novembre du montant plus important que prévu de l'augmentation de capital.

Dans le prospectus de l'opération, la banque indique avoir subi des sorties de capitaux en novembre après la présentation du plan et les abaissements de sa note de crédit qui ont suivi.

Le titre a encore lâché 30% depuis l'annonce mercredi dernier des modalités de l'opération, avec les actions nouvelles mises à prix à 10 centimes d'euros pièce et 631 actions offertes pour une détenue.

Les actionnaires de Creval, dont environ la moitié sont des petits porteurs, perdront 99% de leur investissement s'ils ne souscrivent pas à l'augmentation de capital. Le droit de souscription chute toutefois de près de 70%, signe que certains investisseurs arrêtent là les frais.

(Véronique Tison pour le service français)

par Valentina Za