(Actualisé avec précisions, contexte)

par Valentina Za

MILAN, 6 décembre (Reuters) - Les actionnaires de Banca Carige ont acquis 66% des 500 millions d'euros d'actions nouvelles émises par l'établissement italien, qui va désormais dépendre des accords passés avec un certain nombre d'investisseurs ayant accepté de garantir cette augmentation de capital.

Cette levée de fonds devrait néanmoins écarter un risque imminent pour le secteur bancaire italien, qui supporte un quart des 843 milliards d'euros de créances douteuses accumulées dans toute l'Europe et continue à ce titre de susciter des inquiétudes.

Elle constitue un volet essentiel du plan élaboré par Carige pour répondre aux exigences de la Banque centrale européenne (BCE), qui lui a donné jusqu'à la fin de l'année pour renforcer son bilan et réduire ses créances douteuses sous peine d'être mise en liquidation.

Carige a précisé mercredi dans un communiqué avoir levé 331 millions d'euros auprès de ses actionnaires et 46 millions supplémentaires auprès de détenteurs d'obligations frappés par une récente conversion obligatoire de dette.

La banque génoise avait réservé une émission de titres séparée, jusqu'à 60 millions d'euros, à ces créanciers, parmi lesquels figurent les assureurs Generali et UnipolSai et la banque Intesa Sanpaolo.

Pour atteindre le plancher de 500 millions d'euros fixé par la BCE, Carige dit avoir conclu un certain nombre d'accords avec des investisseurs prêts à acheter les titres n'ayant pas trouvé preneurs dans l'opération.

Deux sources proches du dossier ont déclaré mercredi que ces garanties s'élevaient au total à 120 millions d'euros, ce qui porte à 497 millions d'euros la somme récoltée par Carige sur le marché.

"Carige représente le premier sauvetage d'une banque en Europe réalisé via un appel au marché", a dit Paolo Celesia, responsable des marchés d'actions chez Credit Suisse Italie.

Credit Suisse, Deutsche Bank et Barclays se sont engagés, non sans difficultés, à garantir l'opération.

Les investisseurs italiens qui constituent le noyau dur des actionnaires de Carige ont répondu à l'appel de la banque mais de nouveaux actionnaires étrangers devraient émerger à l'issue de cette opération, notamment Chenavari, un fonds basé en Londres, qui discute du rachat des activités de crédit à la consommation de la banque italienne et va acquérir jusqu'à 40 millions d'euros de titres non vendus.

Credito Fondiario, rattaché à la firme britannique d'investissements Tages Group, devrait aussi devenir actionnaire de Carige après lui avoir racheté mardi un portefeuille de créances douteuses d'une valeur brute de 1,2 milliard d'euros.

"Je pense que l'intérêt de certains investisseurs étrangers témoigne de la confiance dans le redressement de l'économie italienne, ce qui est une bonne nouvelle", dit Roberto Lottici, gestionnaire de fonds chez Banca Ifigest.

"Mais en ce qui concerne le secteur, il y a encore trop d'incertitudes en raison du fardeau de ses créances douteuses. Les décisions des investisseurs seront guidées par les initiatives réglementaires."

La BCE propose de durcir les exigences de fonds propres pour faire face aux créances douteuses. (Valentina Za; Bertrand Boucey pour le service français)