Milan (awp/afp) - La banque italienne Monte Paschi di Siena (BMPS), épinglée par les tests de résistance, a annoncé vendredi un vaste plan pour la cession de créances douteuses qui sera suivi d'une augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros.

La BMPS, qui focalise les inquiétudes autour des banques italiennes, a été sommée début juillet par la Banque centrale européenne (BCE) de céder 9,6 milliards d'euros de créances douteuses nettes d'ici à 2018.

Après des jours de discussions et d'élaboration de divers scénarios, le conseil d'administration de la BMPS a annoncé vendredi soir, à l'issue d'une réunion de dix heures, avoir validé un plan pour la cession de créances douteuses, pour une valeur de 9,2 milliards d'euros.

L'opération vise à "parvenir à une solution structurelle et définitive" pour le portefeuille de "crédits en souffrance", a expliqué le numéro un de la banque, Fabrizio Viola.

Les crédits en souffrance sont les créances douteuses ayant un risque extrêmement élevé de ne pas être remboursées. L'ensemble de ce portefeuille, qui s'élevait à 10,2 milliards d'euros de créances nettes et 27,7 milliards d'euros de créances lourdes fin mars, sera liquidé, selon le plan auquel la BCE a donné son feu vert.

Au total, l'ensemble des créances douteuses de la BMPS, troisième banque italienne et plus vieille de la planète, pesait 45,3 milliards d'euros fin juin.

L'objectif est aussi "d'accroître la confiance des consommateurs", car la banque aura ensuite un bilan "complètement différent", a souligné M. Viola, l'opération permettant de "réduire (son) profil de risque".

L'Autorité bancaire européenne (EBA) a pointé vendredi la forte vulnérabilité de la BMPS à une dégradation de la conjoncture, en publiant les résultats de tests de résistance menés sur 51 établissements européens.

En cas d'un scénario économique "défavorable" d'ici à 2018, son capital CET 1 fondrait de plus de 1.400 points de base pour tomber en territoire négatif, à -2,23%.

- 'Solide plan industriel' -

Selon le plan annoncé vendredi, la cession des crédits "en souffrance" sera suivie d'une augmentation de capital qui pourra atteindre un maximum de 5 milliards d'euros -soit plus de cinq fois l'actuelle capitalisation boursière de la banque.

La banque toscane a précisé avoir signé un accord préliminaire avec un ensemble de banques italiennes et internationales pour souscrire à cette augmentation de capital.

La cession des crédits détériorés se fera à 33% de leur valeur lourde.

Le fonds Atlante de soutien aux banques, créé au printemps par les institutions financières elles-mêmes, souscrira la tranche mezzanine pour 1,6 milliard d'euros.

La tranche junior (la plus risquée) sera assignée aux actionnaires de la BMPS, tandis que la tranche senior (la plus sûre) sera cédée sur le marché avec la possible assistance du mécanisme de garantie publique, le Gacs, sur lequel Rome et l'Union européenne se sont mis d'accord début 2016.

La BMPS est assistée des banques américaine JPMorgan et italienne Mediobanca dans cette opération que le ministre italien de l'Economie, Pier Carlo Padoan, a accueilli "avec grande satisfaction".

"Il s'agit d'une opération du marché qui permettra de renforcer la position patrimoniale de la banque, de se libérer complètement des crédits en souffrance", et de "développer un solide plan industriel grâce auquel augmentera le soutien à l'économie réelle via la délivrance de crédits aux familles et aux entreprises", a-t-il dit.

L'assemblée générale pour l'approbation de l'opération se tiendra en octobre/novembre, a précisé BMPS qui entend qu'elle soit menée avant la fin de l'année.

Un plan de sauvetage alternatif avait été proposé en dernière minute par le banquier italien Corrado Passera et UBS, mais celui-ci a été rejeté par la BMPS.

Considéré comme l'un des maillons faibles du système bancaire italien, la BMPS avait échoué aux tests de résistance de 2014 et avait ensuite dû mener deux augmentations de capital d'un montant total de 8 milliards d'euros.

Depuis début 2016, son titre a perdu 76% de sa valeur, tandis que l'indice des banques italiennes cédait 49%.

Eclaté entre 700 établissements, le système bancaire de la péninsule est fragilisé par des problèmes de capitalisation et 360 milliards d'euros de créances douteuses.

Alors que le gouvernement avait évoqué la possibilité d'un soutien public et engagé des discussions à ce sujet avec Bruxelles, il a ensuite privilégié les solutions "du marché" pour éviter que les épargnants ne soient mis à contribution, comme le prévoient les nouvelles règles européennes sur les aides d'Etat.

afp/rp