Milan (awp/afp) - La banque italienne en difficulté BMPS a annoncé mercredi soir avoir demandé à la Banque centrale européenne (BCE) un délai jusqu'au 20 janvier pour mener son augmentation de capital, alors que le contexte est compliqué par l'instabilité politique créée par la démission du chef du gouvernement, Matteo Renzi.

Troisième établissement financier italien et plus ancienne banque de la planète, la Monte dei Paschi di Siena (BMPS) a affiché les pires résultats aux tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne.

Pour redresser la situation, BMPS, dont le titre a chuté de plus de 80% depuis début 2016, a lancé un vaste plan de sauvetage prévoyant la cession de 27,6 milliards de créances douteuses et une augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros. Le premier acte de ce plan, une opération de conversion volontaire d'obligations en actions, a déjà permis de récolter plus d'un milliard d'euros. Mais il reste 4 milliards d'euros à trouver.

L'augmentation de capital proprement dite devait être lancée ce mercredi ou jeudi, selon le plan annoncé par son patron, Marco Morelli, en novembre.

Mais l'instabilité politique générée par la démission de M. Renzi, après la victoire dimanche du non au référendum constitutionnel, a changé la donne: celle-ci refroidit en effet les potentiels investisseurs, dont le fonds du Qatar Qia, avec qui la banque est en négociations avancées pour qu'il devienne son investisseur de référence, en mettant sur la table un milliard d'euros.

Dans ce contexte, la banque a indiqué mercredi dans un communiqué avoir demandé à la BCE d'étendre jusqu'au 20 janvier l'autorisation reçue, qui courait jusqu'au 31 décembre,

L'objectif est clairement de pouvoir rassurer les investisseurs. Les chances de succès du plan semblent dépendre de la durée sous laquelle sera mis en place un nouveau gouvernement technique en Italie et qui en prendra la tête, les investisseurs espérant le ministre sortant des Finances, Pier Carlo Padoan, afin de permettre une continuité.

Le titre BMPS a gagné 10,79% à 20,94 euros, mercredi à la Bourse de Milan, portée par des informations de presse indiquant que le gouvernement aurait déjà préparé ou serait en train de préparer un décret loi pour soutenir la banque, en cas d'échec de son plan de sauvetage prévoyant le recours au marché.

L'opération menée serait "une recapitalisation préventive", mais le gouvernement cherche au maximum à préserver les petits épargnants, alors que de nombreux Italiens ont acquis des obligations subordonnées sans en connaître les risques. Selon les nouvelles règles européennes, tout sauvetage d'une banque impose désormais en priorité une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d'obligations subordonnées.

Pour protéger les petits épargnants, le gouvernement réfléchirait à racheter leurs obligations pour les convertir en actions. Une autre option serait la conversion de toutes les obligations en actions et un remboursement ensuite d'une partie des titres des particuliers, d'après la presse.

Questionnée à Bruxelles, la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a déclaré qu'il existait, selon les règles européennes, la possibilité "pour les gouvernements de compenser des ventes abusives de différentes sortes" qui ont eu lieu.

afp/rp