Rome (awp/afp) - La Monte dei Paschi di Siena (BMPS) a annoncé vendredi avoir subi une perte nette de 3,243 milliards d'euros au premier semestre 2017, contre un bénéfice de 302 millions d'euros durant la même période de l'année précédente.

Cette perte abyssale n'est néanmoins pas une surprise. Le patron de la banque, Marco Morelli, avait déjà anticipé en juillet ce mauvais résultat, en évoquant les conséquences "des pertes sur la cession du portefeuille de crédits détériorés".

La banque, maillon faible du système bancaire italien, a multiplié les pertes ces dernières années, finissant notamment 2016 dans le rouge à hauteur de 3,2 milliards d'euros.

Sur le premier semestre 2017, ses revenus ont diminué de 21% à 1,85 md d'euros, a également annoncé le groupe vendredi.

La BMPS est engagée dans une vaste restructuration, qui vise à lui permettre de renouer avec les bénéfices après des années de crise.

Avec le feu vert définitif de la Commission européenne début juillet, la banque a procédé à une "recapitalisation préventive" de 8,3 milliards d'euros: 3,85 milliards d'euros ont été apportés par l'Etat italien et 4,473 milliards viennent de la mise à contribution des détenteurs d'obligations subordonnées.

L'Etat italien, à travers le ministère de l'Economie et des Finances, détient désormais directement 52,18% du capital social de la BMPS. Cette participation est appelée à croître jusqu'à 70% cet automne, après que l'Etat italien eut racheté les titres de petits porteurs dont les obligations subordonnées --vendues sans les informer du risque encouru-- ont été transformées en actions dans le cadre du processus de recapitalisation.

Assicurazioni Generali détient désormais indirectement 4,31% du capital.

La plus vieille banque de la planète va parallèlement réduire ses effectifs de 20% d'ici à 2021, pour les faire passer à quelque 20.000 mais sans aucun licenciement, et fermer 600 agences sur 2.000.

L'opération prévoit aussi la cession par la BMPS de 28,6 milliards de créances douteuses brutes d'ici à 2021, dont 26,1 milliards via le fonds Atlante II de soutien aux banques. Elles sont vendues à 21% de la valeur nominale. Cette opération affectera négativement les résultats cette année, avait ainsi averti M. Morelli, ce qui explique la perte semestrielle enregistrée.

Mais grâce à ce plan, la banque entend enregistrer un bénéfice net de quelque 600 millions en 2019, puis supérieur à 1,2 milliard en 2021.

Et au terme de celui-ci, la BMPS compte atteindre un ratio de fonds durs propres, dit "CET1", de 14,7%, contre 8,2% en 2016. Cet indice est très suivi car il mesure la capacité d'une banque à faire face à une crise.

La BMPS avait affiché les pires résultats lors des tests de résistance réalisés en 2016 par l'Autorité bancaire européenne (EBA), son CET1 tombant en territoire négatif en cas de scénario défavorable.

Fin juin, le CET1 sur une base transitionnelle s'élevait à 15,4%, contre 6,5% fin mars et 8,17% fin 2016.

afp/rp