(Actualisé avec précisions, contexte)

par Valentina Za et Stephen Jewkes

MILAN, 19 décembre (Reuters) - Le gouvernement italien a demandé lundi au Parlement l'autorisation d'emprunter 20 milliards d'euros pour soutenir un secteur bancaire en grande difficulté.

La première étape pourrait être un renflouement dès cette semaine de la troisième banque du pays, Banca Monte dei Paschi di Siena.

La banque toscane a lancé lundi une augmentation de capital mais n'a que jusqu'à la fin de l'année pour lever cinq milliards d'euros. En l'absence de suffisamment d'intérêt dans le secteur privé, la seule solution serait un renflouement par l'Etat.

D'autres banques en difficulté pourraient bénéficier de fonds publics, ont déclaré des sources à Reuters.

Le gouvernement a besoin de l'accord du Parlement pour élever les niveaux de la dette publique avant de pouvoir venir en aide aux banques.

L'enveloppe pour laquelle le gouvernement sollicite l'autorisation des parlementaires servirait notamment à aider des banques à renforcer leurs fonds propres, a déclaré le ministre italien de l'Economie, Pier Carlo Padoan.

Monte dei Paschi a pourtant reçu lundi des bonnes nouvelles puisqu'un investisseur important du plan de renflouement privé de la banque, qui était mécontent des termes d'un crédit relais a dit que ses craintes étaient apaisées.

Cet investisseur, le fonds privé Atlante, chargé du renflouement du secteur bancaire italien, s'est engagé à racheter à Monte dei Paschi une partie de ses créances douteuses pour 1,5 milliard d'euros.

CRÉANCES DOUTEUSES

Parmi les autres banques auxquelles l'Etat pourrait venir en aide figurent Banca Carige et les banques non cotées Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, selon des sources.

Le secteur bancaire italien ploie sous 360 milliards d'euros de créances douteuses, soit le tiers du total de la zone euro.

A la différence de l'Espagne ou de l'Irlande, l'Italie n'était pas intervenue pour aider son secteur bancaire lors de la crise financière.

L'Union européenne a depuis adopté de nouvelles règles, dites de "bail-in", qui obligent une banque en difficulté à mettre d'abord à contribution ses actionnaires, détenteurs d'obligations et éventuellement déposants avant de pouvoir solliciter l'argent du contribuable.

Le sujet est sensible en Italie où beaucoup de particuliers détiennent des obligations de leur banque et risquent ainsi de perdre leur épargne en cas de faillite.

Un renflouement des banques pourrait ainsi peser sur la popularité du Parti démocrate au pouvoir et du nouveau président du Conseil, Paolo Gentiloni, alors que pourraient se profiler des élections anticipées.

(Patrick Vignal pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Banca Monte dei Paschi di Siena SpA, Banca Carige SpA