Milan (awp/afp) - La BMPS, maillon faible du système bancaire italien, va réduire ses effectifs de 20% d'ici 2021 et fermer 600 agences sur 2.000 dans le cadre de son plan de restructuration qui vise à renouer avec les bénéfices après des années de crise.

La Commission européenne, à l'issue de longues négociations, a donné mardi son feu vert définitif à ce plan, qui prévoit la baisse du nombre d'employés de 25.566 à 20.065 d'ici 2021 (-5.501 personnes). La plus vieille banque de la planète ne procèdera néanmoins à aucun licenciement.

La Monte dei Paschi di Siena, qui a multiplié les pertes ces dernières années, finissant notamment 2016 dans le rouge à hauteur de 3,2 milliards d'euros, entend grâce à ce plan de relance enregistrer un bénéfice net de quelque 600 millions d'euros en 2019, puis supérieur à 1,2 milliard en 2021.

La banque se concentrera sur les particuliers et les petites entreprises à travers un nouveau modèle simplifié et prévoyant une forte numérisation des procédures.

Ce plan est "une étape très importante pour rétablir un chemin de croissance. La restauration de nos dépôts, de notre portefeuille de crédits, de nos bénéfices, sera un processus long, et il ne peut en être autrement. Mais (ce processus) est clairement là", a affirmé le patron de la BMPS, Marco Morelli, lors d'une conférence téléphonique, en précisant qu'au premier trimestre la banque avait déjà récupéré 5,5 milliards d'euros de dépôts.

Le plan permettra de "créer les bases pour une banque durable et rentable", a-t-il affirmé.

Il prévoit une recapitalisation de 8,1 milliards d'euros: quelque 3,9 milliards d'euros seront injectés par l'Etat italien, tandis que les quelque 4,3 milliards restants viendront de la mise à contribution des détenteurs d'obligations subordonnées.

Rome compensera les petits porteurs à qui ces obligations avaient été vendues de "manière abusive", c'est-à-dire sans les informer du risque encouru. Quelque 42.000 Italiens détiennent des obligations subordonnées de la BMPS.

Le montant des fonds publics injectés atteindra ainsi 5,4 milliards d'euros.

- L'Etat actionnaire à 70% -

Le feu vert de la Commission européenne était attendu depuis des mois en Italie, mais aussi par les marchés financiers: la BMPS est en effet considérée comme la principale source de fragilité du système bancaire italien, lui-même source d'inquiétudes, en particulier en raison de son stock de créances douteuses, des prêts risquant de ne jamais être remboursés.

L'opération prévoit la cession par la BMPS, quatrième établissement financier italien, de 28,6 milliards de créances douteuses brutes d'ici 2021, dont 26,1 milliards via une transaction avec le fonds Atlante II de soutien aux banques. Elles seront vendues à 21% de la valeur nominale.

Au terme de son plan de relance, qui prévoit aussi la cession de deux banques en France et Belgique, la BMPS entend atteindre un ratio de fonds durs propres, dit "CET1", de 14,7%, contre 8,2% en 2016. Cet indice est très suivi car il mesure la capacité d'une banque à faire face à une crise.

La BMPS avait affiché les pires résultats lors des tests de résistance publiés fin juillet 2016 par l'Autorité bancaire européenne (EBA), son CET1 tombant en territoire négatif en cas de scénario défavorable.

A l'issue de la recapitalisation, l'Etat détiendra 70% de la banque, le reste étant aux mains d'investisseurs institutionnels, notamment via la conversion d'obligations subordonnées en actions. Mais Rome a martelé vouloir rester le moins longtemps possible actionnaire majoritaire, et l'Etat devrait sortir du capital d'ici 2021.

Les banques italiennes ont été dans l'oeil du cyclone l'an passé, leurs titres s'effondrant en Bourse, mais la situation s'est depuis redressée.

Le plan de relance de la BMPS est un pas supplémentaire dans la bonne direction, après la fusion entre Banco Popolare et BPM et l'importante restructuration d'UniCredit, qui a mené en février une augmentation de capital de 13 milliards d'euros.

Rome a également réussi en juin à résoudre l'épineuse question des banques vénitiennes, au bord de la faillite et qui seront cédées pour un euro à Intesa Sanpaolo. L'Etat injectera immédiatement quelque 5 milliards d'euros pour garantir la stabilité d'Intesa et accompagner les suppressions d'emplois, une facture là aussi élevée pour le contribuable italien.

Le système bancaire doit néanmoins encore poursuivre sa restructuration, notamment en liquidant les créances douteuses, qui s'élèvent désormais à quelque 324 milliards d'euros.

afp/al