Milan (awp/afp) - La professeur de droit international Stefania Bariatti a été désignée lundi à la présidence de la banque italienne BMPS, qui a récemment bénéficié d'un sauvetage public, et qui reste dirigée par Marco Morelli.

Le conseil d'administration de la Monte dei Paschi di Siena avait démissionné le 7 novembre et convoqué pour ce lundi une assemblée générale, à Sienne, pour procéder à son renouvellement en raison de l'important changement dans son actionnariat survenu avec ce sauvetage.

Le nom de Mme Bariatti a été proposé par le ministère italien de l'Economie et des Finances, qui est désormais le premier actionnaire de la banque avec 68,2% de son capital.

Mme Bariatti, désigné avec plus de 75% des voix, était déjà membre du conseil d'administration de la BMPS, tout comme Antonino Turicchi, un dirigeant du Trésor désigné à la vice-présidence.

L'assemblée a aussi voté en faveur d'une modification du nombre de membres du conseil, qui passe à 14 au lieu de 13, avec trois membres issus de la liste présentée par l'assureur Generali, désormais deuxième actionnaire de la BMPS avec 4,3% du capital.

"Nous mettrons tout en oeuvre pour réaliser le plan (de restructuration), malgré les difficultés que M. Morelli n'a pas cachées", a souligné Mme Bariatti.

La récupération par la BMPS de sa place, en terme de revenus notamment, "prendra des années", a souligné celui-ci.

Avant sa recapitalisation, la BMPS, plus vieille banque de la planète, était considérée comme le maillon faible du système bancaire italien. En raison de sa fragilité, elle avait concentré l'attention en 2016, après avoir multiplié les pertes.

Elle a bénéficié d'une "recapitalisation préventive", avec une injection de fonds publics et la mise à contribution de détenteurs d'obligations subordonnées.

La présidence était jusqu'ici assumée par Alessandro Falciai, que le Trésor souhaitait initialement reconduire mais qui a annoncé vendredi son indisponibilité pour "raisons personnelles".

M. Falciai est dans le viseur de la justice, qui enquête sur les chantiers navals Mondomarine dont il est le principal actionnaire.

Il a expliqué que sa décision de ne pas se représenter était un "choix autonome" visant à "protéger la banque" et souligné avoir "les mêmes objectifs que les magistrats dans ce dossier", à savoir faire surgir la vérité rapidement.

"Je dis avec orgueil que la banque, après avoir traversé la période la plus tempétueuse de sa vie pluriséculaire, est aujourd'hui en sécurité et avec l'assemblée d'aujourd'hui se conclut une période d'incertitude de cinq ans", s'est-il félicité.

Le plan de restructuration engagée par la BMPS vise à lui permettre de renouer avec les bénéfices.

Pour cela, elle doit réduire ses effectifs de 20% d'ici à 2021, pour les faire passer à quelque 20.000 personnes, mais sans aucun licenciement, et fermer 600 agences sur un total de 2.000.

Le plan prévoit aussi la cession de 28,6 milliards d'euros de créances douteuses brutes d'ici à 2021.

Alors que les syndicats ont dénoncé la récente promotion de 49 dirigeants, M. Morelli a défendu ce choix, en soulignant que depuis janvier 2012 les dirigeants de la banque étaient passés de 500 à 326 (chiffre incluant les 49 récemment promus), soit 1,24% du personnel, contre un moyenne de 2,3% dans le système bancaire.

A Rome, le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, s'est dit pour sa part convaincu que la BMPS serait au final "une affaire pour l'Etat italien".

afp/fr