(Actualisé avec citations, précisions, réaction des marchés, commentaire)

BRASILIA, 27 novembre (Reuters) - Le Brésil se fixera pour les trois prochaines années des objectifs plus réalistes en terme d'assainissement budgétaire, a promis jeudi le nouveau ministre des Finances, Joaquim Levy, qui entend restaurer la confiance des investisseurs dans une économie fragilisée.

Lors de sa première intervention publique après sa nomination officielle a mis en avant sa volonté de redresser les finances publiques et d'améliorer leur transparence après la réélection de la présidente Dilma Rousseff le mois dernier.

"Atteindre nos objectifs est fondamental pour accroître la confiance dans l'économie brésilienne et creuser les fondations permettant une reprise de la croissance économique", a dit Joaquim Levy lors d'une conférence de presse.

Il a précisé qu'il ne prendrait aucune mesure spécifique dans l'immédiat mais que lui et son équipe s'emploieraient sans tarder à identifier les économies budgétaires possibles.

L'indice Bovespa de la Bourse de Sao Paulo est passé dans le vert après les premières déclarations du ministre mais il est reparti à la baisse lorsqu'il a précisé n'avoir aucune mesure nouvelle à annoncer.

Joaquim Levy a simplement expliqué vouloir favoriser l'épargne privée, l'augmentation de la productivité et le rééquilibrage de l'économie, qui a souffert de trois ans de croissance faible et d'inflation élevée avant de tomber en récession au début de cette année.

LE BÉNÉFICE DU DOUTE

Cet ancien dirigeant de la banque Bradesco, connu pour son attachement à l'orthodoxie budgétaire, pourrait revenir sur certaines des coûteuses mesures de relance mises en oeuvre ces dernières années.

Sa priorité, aux yeux des investisseurs, sera de ramener l'ordre dans les finances publiques, dont le dérapage pourrait compromettre la notation souveraine en catégorie d'investissement dont bénéficie le Brésil.

Prenant déjà ses distances avec son prédécesseur Guido Mantega, Joaquim Levy a expliqué viser pour l'an prochain un objectif plus modeste mais plus transparent en matière budgétaire.

Ces dernières années, le gouvernement a eu régulièrement recours à des astuces comptables pour atteindre ses objectifs, par exemple en recourant au fonds souverain brésilien, ce qui a nui à la crédibilité du pays et entaché son image auprès des investisseurs étrangers.

Joaquim Levy a déclaré que le gouvernement visait pour 2015 un excédent budgétaire primaire équivalant à 1,2% du produit intérieur brut (PIB), et plus 2% à 2,5%.

L'excédent primaire, c'est à dire le solde budgétaire hors charge de la dette, ne devra pas être inférieur à 2% du PIB en 2016 et en 2017, a-t-il ajouté.

Le gouvernement a également annoncé jeudi la nomination de Nelson Barbosa, un ancien ministre délégué aux Finances, au poste de ministre de la Planification. Le gouverneur de la banque centrale, Alexandre Tombini, reste en poste.

"Nous n'avons aucune précision sur leurs intentions", a commenté Newton Rosa, chef économiste de SulAmerica Investimentos à Sao Paulo.

"Le marché accorde pour l'instant à Levy le bénéfice du doute (...) Quand ils commenceront à détailler les mesures qu'ils vont adopter, ils devront faire preuve de cohérence et de réalisme." (avec Luciana Otoni, Marc Angrand pour le service français)