Madrid (awp/afp) - La septième banque espagnole Banco Popular s'est dotée lundi d'un nouveau président, Emilio Saracho, qui devra redresser les comptes de la banque, laminés par le poids des actifs toxiques saisis pendant la crise immobilière.

Le conseil d'administration a approuvé à l'unanimité la nomination d'Emilio Saracho, qui avait été approuvée plus tôt dans la journée à 98% par l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires, a annoncé la banque dans un communiqué.

M. Saracho, jusqu'ici vice-président mondial de JP Morgan Chase, remplace Angel Ron Güimil, en poste depuis 2006, dont une partie du conseil d'administration avait réclamé la démission début décembre.

Le titre de Banco Popular, qui valait 2,73 euros début 2016, a perdu plus de 70% de sa valeur depuis, sous la pression des marchés financiers et de fonds spéculatifs.

Les investisseurs doutent de la capacité de sa banque à se débarrasser d'ici 2018 de 15 milliards d'euros d'actifs immobiliers toxiques, correspondant à des biens immobiliers saisis pendant la crise à des particuliers incapables de rembourser leurs prêts.

Banco Popular est l'une des banques qui a le plus souffert de l'éclatement de la bulle immobilière en Espagne en 2008.

Pour tenter de remonter la pente, Banco Popular avait réalisé deux augmentations de capital en quatre ans, l'une de 2,5 milliards en novembre 2012 et l'autre du même montant fin mai 2016.

Le conseil d'administration avait ensuite validé fin novembre la création d'une "bad bank" regroupant une partie de ses actifs immobiliers, pour une valeur d'environ 6 milliards d'euros.

Selon la presse économique espagnole, M. Saracho pourrait revenir sur la création de cette bad bank, ainsi que sur d'autres choix de gestion de la direction précédente.

Banco Popular a enregistré une perte nette de 3,48 milliards d'euros en 2016, en raison de provisions extraordinaires de 5,7 milliards d'euros, destinées à renforcer la solidité financière de la banque pendant le processus de revente des biens immobiliers, probablement à perte.

La banque a aussi provisionné 229 millions d'euros pour faire face aux remboursements d'intérêts indûment perçus dans l'affaire des "clauses-plancher", pour laquelle plusieurs banques espagnoles ont été condamnées par la justice européenne.

Banco Popular a annoncé fin 2016 la suppression de plus de 2600 emplois, soit près de 18% de son effectif.

Après un fort rebond en début de séance, le titre Banco Popular a terminé en baisse de 0,59% à la Bourse de Madrid, à 0,84 euros.

afp/buc