MADRID, 12 février (Reuters) - Banco Santander a laissé passer mardi une date de remboursement possible d'une émission obligataire "Additional Tier 1" (AT1) de 1,5 milliard d'euros, devenant ainsi la première banque européenne à prendre une telle décision vis-à-vis de ce type d'emprunt hybride susceptible d'être transformé en actions.

"Lorsque nous jugeons des opportunités de remboursement, nous avons l'obligation d'évaluer les critères économiques et de prendre en considération les intérêts de tous les investisseurs. Nous allons continuer de surveiller attentivement le marché et chercherons à exercer nos options de remboursement quand nous jugerons approprié de le faire", déclare la banque espagnole dans un communiqué.

Cette obligation convertible contingente (CoCo) de Santander pouvait être remboursée ce mardi et les récentes incertitudes quant à la décision que prendrait la banque espagnole ont entraîné de fortes variations de son cours.

Après la fermeture des marchés mardi, l'obligation perpétuelle AT1 de Santander, qui sert un coupon de 6,25% , se traitait en baisse de 1,6 centime à 96,8% de sa valeur d'émission selon les données Tradeweb.

Des banquiers ont prévenu que la décision de la première banque espagnole pourrait inciter d'autres établissements à suivre son exemple, privant ainsi les investisseurs d'une opportunité de se faire rembourser.

Certains investisseurs institutionnels ont toutefois dit ne pas craindre un effet de dominos sur d'autres banques européennes.

Le marché pourrait pourtant réclamer désormais aux banques une prime de risque plus élevée à la suite de la décision de la banque espagnole, qui a la possibilité de rembourser ce type de titres chaque trimestre.

Les obligations "CoCo" ont été créées à la suite de la crise financière de 2008. Souvent qualifiées de titres "hybrides", elles se transforment automatiquement en actions ordinaires si le niveau de fonds propres de la banque émettrice tombe sous un seuil fixé à l'avance, afin de renforcer son bilan et de repousser l'éventualité d'une injection de fonds publics.

L'équivalent d'environ 13,5 milliards de dollars (11,9 milliards d'euros) de CoCo sont potentiellement remboursables cette année dans le monde, dont environ 8,4 milliards pour les seules banques européennes, selon les calculs de Reuters effectués à partir des données de Refinitiv Eikon.

Les coûts de financement ont tendance à grimper dans le secteur bancaire; notamment en raison de l'arrêt progressif des politiques ultra-accommodantes des banques centrales. Il pourrait ainsi être de plus en plus tentant pour les banques de ne pas rembourser ces titres hybrides, car les financements alternatifs auxquelles elles devraient recourir leur coûteraient plus cher que les coupons des emprunts concernés.

(Jesús Aguado, Virginia Furness, Sujata P. Rao-Coverley, avec Andrés González Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)