MEXICO (awp/afp) - Le Mexique accueille à partir de dimanche le septième round de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec les États-Unis et le Canada, qui s'annonce difficile, anticipe le gouvernement mexicain.

Les trois pays discuteront à Mexico jusqu'au 5 mars pour tenter de moderniser ce traité de libre-échange, entré en vigueur en 1994, et que président américain Donald Trump a qualifié de "désastre" pour les emplois américains.

"C'est une réunion difficile car à mesure qu'on avance dans la négociation et qu'on a bouclé des thèmes constructifs, où il y a des avancées, de la modernité, il reste des sujets de grande complexité et donc, il n'y aura pas de rondes de discussion facile", estime le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo.

Le taux de chômage aux Etats-Unis est pourtant au plus bas depuis 17 ans, à 4,1 % début février, mais Donald Trump a plusieurs fois menacé d'abroger cet accord, trop favorable selon lui aux intérêts mexicains.

Pour le Mexique, qui exporte près de 80% de ses produits vers les Etats-Unis, cet accord est crucial. Mais le secteur industriel américain est également très favorable au maintien de l'accord.

- Règles d'origine -

Plusieurs sujets épineux seront sur la table à Mexico, comme les "règles d'origine" dans l'industrie automobile.

L'accord actuel spécifie qu'au moins 62,5% des composants d'un véhicule doivent être fabriqués dans l'un des trois pays signataires de l'Aléna pour que celui-ci soit exonéré de droits de douane.

Les États-Unis veulent faire passer ce pourcentage à 85%, et que 50% des pièces soient d'origine américaine, une proposition que rejettent le Mexique et le Canada.

M. Guajardo a assuré ces derniers jours que le Mexique travaillait à une nouvelle proposition sur le sujet.

Le responsable de l'Association des usines d'assemblages mexicaines (AMIA), Eduardo Solis, a quant à lui déclaré que la proposition américaine n'était pas acceptable et qu'il continuerait d'exiger que la règle actuelle soit maintenue.

Les négociations se poursuivent alors que le Mexique est entré en campagne électorale pour les élections présidentielles du 1er juillet prochain.

Dans une interview au Wall Street Journal en janvier, Trump a déclaré qu'il serait "un petit peu flexible" sachant le contexte de l'élection au Mexique.

Les États-Unis auront également des élections de mi-mandat en novembre, ce qui accroît davantage encore le climat d'incertitude.

Pour le ministre mexicain de l'Economie, les négociations ont leur propre rythme.

"Il y aura toujours des élections, nous ne devons pas soumettre les intérêts du pays aux calendriers électoraux", a-t-il jugé mardi devant les journalistes.

Malgré les menaces régulièrement exprimées par Trump, plusieurs analystes estiment qu'un accord devrait être trouvé entre les pays.

"Le scénario le plus probable est une renégociation réussie car l'accord est positif pour les trois économies et les chaînes de production sont étroitement imbriquées", écrit Banco Santander dans une note à ses clients.

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