La première banque de la zone euro par la capitalisation boursière (près de 55 milliards d'euros), a expliqué à l'occasion d'une journée investisseurs à Londres que la faiblesse des taux d'intérêt, la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne et le durcissement du cadre réglementaire et fiscal du secteur pesaient sur ses perspectives de résultats.

Elle table néanmoins sur une poursuite de sa croissance dans les pays émergents, comme le Brésil, son deuxième marché.

Sa présidente, Ana Botin, a expliqué qu'un "environnement difficile" avait conduit à une dépréciation de nombreuses devises face à l'euro et à la perspective du maintien de taux bas pendant plus longtemps qu'attendu initialement.

En conséquence, Santander a ramené son objectif de rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE), un indicateur clé du secteur, à un peu plus de 11% à l'horizon 2018, alors qu'elle visait 13% l'an dernier.

La banque s'attend aussi à voir son coefficient d'exploitation (ratio charges/revenus) augmenter pour atteindre 45% à 47% d'ici 2018, alors qu'elle tablait sur moins de 45%.

A la Bourse de Madrid, l'action Santander perdait 3,95% à 3,7910 euros à 12h00 GMT alors que l'indice Stoxx européen des banques abandonnait 2,34%, le secteur souffrant principalement des doutes suscitées par Deutsche Bank (-4,32%).

OBJECTIFS CONFIRMÉS POUR LE BRÉSIL

Au-delà des difficultés rencontrées en Grande-Bretagne, à cause du Brexit notamment, Santander voit ses marges mises sous pression par les taux bas et la guerre des tarifs en cours en Espagne. Son bénéfice net sur son marché d'origine a chuté de près d'un tiers au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de l'année.

L'objectif de ROTE en Grande-Bretagne a été abaissé à 8-10% pour 2018 contre 12-14%, celui pour l'Espagne à 13% contre 14%. Le Royaume-Uni est aujourd'hui le premier marché du groupe, l'Espagne le troisième.

Pour le Brésil, le groupe n'a en revanche pas modifié ses prévisions de rentabilité et de coefficient d'exploitation, la hausse de 20% des profits sur avril-juin suggérant une reprise de l'activité et alimentant l'espoir de voir le pays sortir de sa pire récession depuis un siècle.

Santander a réaffirmé ses autres objectifs, dont celui d'une amélioration de son ratio de fonds propres de base à un peu plus de 11%, ce qui a soulagé en partie les analystes.

Ceux de JPMorgan ont jugé décevant le fait que Santander ait "revu ses ambitions à la baisse" mais précisent que les nouveaux chiffres présentés sont conformes à leurs estimations.

Santander a aussi confirmé son intention d'augmenter son bénéfice par action cette année et l'an prochain et réaffirmé son objectif d'un ratio de distribution de 30% à 40% en 2018.

Elle n'a en revanche pas évoqué de nouvelles mesures d'économies, alors qu'elle s'est récemment engagée à réduire le nombre de ses agences en Espagne.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

par Jesús Aguado et Angus Berwick