La recapitalisation des banques et les besoins de liquidité des régions menacent de faire plonger les finances de l'Etat davantage dans le rouge, ce qui a poussé le coût de la dette souveraine espagnole au bord du seuil au-delà duquel le pays pourrait devoir demander un plan de sauvetage.

La Commission européenne a volé au secours de Madrid mercredi, en proposant une aide directe du Fonds de soutien européen pour recapitaliser ses banques et en accordant au gouvernement davantage de temps pour réduire son déficit budgétaire.

Cette initiative a permis d'enrayer la hausse du rendement de l'obligation souveraine espagnole à dix ans par rapport à l'allemande, mais celui-ci demeure à un niveau record depuis l'adoption de l'euro.

Fragilisées depuis l'explosion de la bulle immobilière en 2008, les banques espagnoles n'inspirent plus confiance aux épargnants, qui ont transféré une somme nette de 66,2 milliards d'euros à l'étranger le mois dernier, principalement sur des comptes sur livret dans les pays du nord de l'Europe, selon les chiffres de la Banque d'Espagne.

Il s'agit d'un record depuis que cette statistique a été créée en 1990. Il y a un an, l'Espagne avait bénéficié de rentrées nettes de 5,4 milliards d'euros.

L'inquiétude autour du secteur bancaire est alimentée par les incertitudes autour du plan de recapitalisation des quatre principales banques du pays, dont Bankia, à hauteur de 23,5 milliards d'euros.

Madrid a indiqué avoir l'intention de recourir au Fonds de restructuration bancaire (Frob), mais la Commission européenne lui a demandé de préciser ses projets.

Le gouvernement espagnol devrait aussi indiquer vendredi comment il entend venir en aide à ses régions autonomes.

C'est dans ce contexte que l'agence de notation Fitch a dégradé la note de huit régions et mis en garde contre de nouvelles dégradations si Madrid n'adopte pas rapidement des mesures d'aide.

Le sujet devait être au coeur d'une réunion entre la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, et la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, plus tard jeudi à Washington.

Sonya Dowsett et Sarah White; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot