Chronique bancaire publiée le 26 décembre 2017 sur le site de la Tribune de Genève.

Bien connu des physiciens, le concept de marche aléatoire a été introduit en finance depuis plus d'un siècle par Jules Regnault. Ce sont toutefois les travaux de Louis Bachelier qui ont popularisé l'idée et son utilisation sur les marchés boursiers. Dans l'essentiel, le modèle de marche aléatoire stipule qu'une variable soumise à une telle dynamique évolue au gré des chocs qu'elle subit, en l'absence d'un attracteur auquel elle se verrait rattachée. Dans ce contexte, un choc peut exercer une influence sur le long terme, en l'absence d'une force pouvant ramener la variable à une valeur d'équilibre ou une moyenne historique. Si cette dynamique est à la base de nombreuses théories et d'études empiriques, elle est notamment débattue dans le cadre des taux de change.
A ce titre, l'exemple de la livre sterling est intéressant. Alors que les tractations se poursuivent quant au divorce du Royaume-Uni de l'Union européenne, qu'adviendrait-il en cas d'un accord à l'amiable, ou dans l'hypothèse où le Royaume-Uni renoncerait à quitter l'Union ? Le sterling pourrait-il retrouver subitement sa valeur d'avant la rupture de 2016 ? Dans le même esprit, l'euro pourrait-il finalement retrouver ses niveaux d'avant la crise de 2008 à plus de 1.50 francs pour un euro ?
A ce jour, l'événement du Brexit et ceux de l'endettement de certains pays européens ont laissé une trace sur les trajectoires des taux de change. Pour reprendre l'image de la physique, postuler un retour du franc à ces valeurs d'avant reviendrait à supposer l'existence d'un trou de ver, soit un moyen permettant de voyager dans l'espace-temps. Si en astronomie le concept a récemment été démontré possible sur le plan théorique, l'existence d'un trou de ver en finance n'a pas été observée. A moins d'un choc opposé et d'ampleur similaire au précédent, les changes ne reviendront pas à leurs valeurs d'antan. Sur le plan de la valorisation, l'analyse fondamentale basée sur l'inflation, les taux d'intérêt ou la balance des comptes courants arrive à la même conclusion : le potentiel d'appréciation du sterling est bien limité, à court terme tout au moins.

*BCGE Asset management

La Sté BCGE - Banque Cantonale de Genève a publié ce contenu, le 27 décembre 2017, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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