Il y a quelques mois, la Banque mondiale publiait son classement des plus grandes économies basées sur le PIB ajusté à la parité du pouvoir d'achat. La nouvelle fait grand bruit: la Chine dépasse les Etats-Unis et devient, selon cette mesure, la première puissance économique mondiale. Hélas, les autorités chinoises découvrent ces dernières semaines que ce rang n'a pas que des implications positives. La Chine devient de plus en plus systémique, ce qui veut dire que ses décisions ont des implications qui vont bien au-delà de ses frontières.

L'abandon du peg du yuan vis-à-vis du dollar a eu un impact dramatique sur l'ensemble des marchés financiers mondiaux, causant notamment des pertes spectaculaires aux actions et aux matières premières. On ne saura jamais vraiment si les autorités avaient anticipé ces conséquences. Cela met de toute manière en évidence l'incroyable complexité de la situation chinoise et, partant, la difficulté de prendre les bonnes décisions. Tenir compte parallèlement du ralentissement de l'économie, du marché immobilier, de la chute des bourses, de la détérioration de la dette… Le tout, sans trop alarmer les marchés et en voulant satisfaire le FMI, tient de la prouesse. Après avoir tenté une intervention sur les marchés des changes et des actions, la banque centrale chinoise est revenue à des mesures plus traditionnelles en abaissant les taux d'intérêt.

L'économie chinoise est en transition, d'une économie d'exportation vers un modèle qui privilégie la consommation. Cependant, le changement ne se fait pas en un claquement de doigt et peut engendrer des ajustements difficiles. Reste à savoir si les autorités sont prêtes à en assumer les conséquences. Les apparentes tergiversations entrevues dans les décisions récentes semblent montrer que leur volonté a ses limites.

Fabio Alessandrini

Stratégiste financier

BCV

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