Lausanne (awp) - Arrivée au terme d'un recentrage de ses activités, la Banque cantonale vaudoise (BCV) parvient toujours à générer de la croissance. Les résultats au premier semestre s'avèrent globalement supérieurs aux prévisions, avec des recettes stables ou en hausse dans les principales activités. Une hausse de dividende est envisagée, en cas d'entrée en vigueur de la réforme fiscale des entreprises.

La BCV a été privée ces derniers mois de différentes sources de revenus, suite notamment à la résiliation par PostFinance de la collaboration dans le négoce en ligne. Malgré tout, le produit d'exploitation affiche une timide progression. Les recettes ont grappillé 1,0% sur un an, à 496,7 mio, précise la banque jeudi.

Dans un marché plombé par les taux négatifs, l'établissement cantonal s'est payé le luxe d'améliorer sa marge d'intérêt de 3 points de base par rapport à fin décembre, pour la fixer à 1,14%. Le produit net des opérations d'intérêts s'est étoffé de 2% à 247,1 mio CHF.

Le directeur financier (CFO) s'est dit serein par rapport au marché hypothécaire dans le canton de Vaud. "Nous nous trouvons dans une situation d'atterrissage en douceur, tel que nous le souhaitons depuis cinq ans", a expliqué à AWP Thomas Paulsen. Depuis 2012, la banque s'efforce de restreindre l'offre afin d'éviter une surchauffe ou la formation d'une bulle dans un marché immobilier très sollicité.

Sur six mois, les créances hypothécaires ont pris 1% à 25,31 mrd CHF.

L'impact des taux négatifs demeure similaire à celui de l'année dernière, où la banque avait accusé un manque à gagner de 30 mio CHF sur douze mois. La BCV répercute les coûts à certains institutionnels, une mesure qui concerne à l'heure actuelle moins de 1% de la clientèle.

AFFLUX ANÉMIQUES

Dans la gestion, les recettes ont stagné en comparaison annuelle, à 158,5 mio CHF. La poursuite du transfert des fonds Swisscanto (-5,3 mrd) et le recentrage des activités transfrontalières sur un nombre restreint de pays expliquent ce statu quo. En termes de collecte, le bilan s'avère à peine positif, avec un afflux net d'argent de 0,1 mrd CHF.

Les sorties de fonds ont représenté à peine 70 mio CHF, alors qu'elles approchaient du milliard l'année dernière. La masse sous gestion s'est érodée à 82,0 mrd sur six mois.

La banque privée Piguet Galland, filiale de la BCV, a connu une légère hausse de sa masse sous gestion (+3,6%), à 5,7 mrd CHF.

Le produit des opérations de négoce a gonflé de 2,0% sur un an à 69,0 mio CHF, tandis que les autres résultats ordinaires ont plongé de 15% à 22,2 mio CHF.

Dans un contexte de charges stables (257,5 mio CHF), la banque a très légèrement réduit son effectif, malgré les défis que représentent la réglementation et le virage numérique. "Nous parvenons en grande partie à répondre à ces exigences en utilisant nos ressources internes. Cela nous permet de contrôler les coûts", selon M. Paulsen.

La rentabilité s'en trouve modestement renforcée, en témoigne un résultat opérationnel en hausse de 3% à 203,5 mio CHF. Le bénéfice net s'est étoffé de 5% à 163,8 mio.

Les principaux indicateurs au premier semestre dépassent les attentes du consensus AWP, à l'exception des charges, plus lourdes que prévu.

Par rapport à fin décembre, le ratio de fonds propres durs (Tier1) s'est érodé de 0,4 point à 16,8%.

RÉSULTATS 2017 ATTENDUS DANS LA CONTINUITÉ

La BCV s'attend à des résultats annuels s'inscrivant dans la continuité du premier semestre, pour autant que la situation économique et l'évolution des marchés financiers ne se détériorent pas significativement, précise le groupe.

La banque va adapter sa politique de rémunération des actionnaires après l'entrée en vigueur de la réforme fiscale des entreprises, anciennement RIE III. "Un abaissement du taux d'imposition dans le cadre de la réforme de l'imposition des entreprises se reflètera sur le dividende", a expliqué le CFO.

La mise en oeuvre du projet vaudois de réforme fiscale, plébiscité dans les urnes en mars 2016, a été retardé par le "non" opposé par le peuple suisse à la RIE III fédérale, en février dernier.

En attendant, le taux de distribution restera identique. L'année dernière, la BCV a versé un dividende ordinaire de 23 CHF par action, assorti d'un montant extraordinaire de 10 CHF.

Les analystes se montrent convaincus par la copie rendue par la banque. Baader Helvea souligne la forte dynamique dans les opérations d'intérêts et anticipe un dépassement des estimations à moyen terme du consensus pour le bénéfice par actions. Le courtier genevois loue la solidité de la BCV, mais lui préfère toutefois le titre Valiant, qui présente un potentiel de croissance supérieur.

Pour Mirabaud, l'avantage de la BCV consiste en la forte probabilité que la performance satisfasse aux attentes.

A la Bourse, l'action BCV a fini à l'équilibre à 698,00 CHF, dans un SPI en baisse de 0,82%.

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