Londres (awp/afp) - Le géant bancaire britannique Barclays a souffert au premier trimestre d'une lourde dépréciation de ses activités en Afrique dont il se désengage pour achever sa transformation en banque transatlantique.

Le groupe a dévoilé vendredi un bénéfice net divisé par plus de deux au cours des trois premiers mois de l'année, à 190 millions de livres (226 millions d'euros), selon un communiqué.

Les profits auraient été bien plus élevés sans une charge exceptionnelle de 884 millions de livres liée à la perte de valeur de Barclays Africa, qui regroupe depuis l'Afrique du Sud ces activités dans une dizaine de pays du continent.

L'action de Barclays Africa, cotée à Johannesburg, a dégringolé de quelque 17% au premier trimestre sur fond de crise politique en Afrique du Sud, contraignant la maison mère à intégrer dans ses comptes cette dépréciation. L'entreprise est valorisée à l'heure actuelle autour de l'équivalent de 8,5 milliards d'euros.

Ces activités ne sont toutefois plus jugées stratégiques par Barclays qui est engagé depuis plusieurs années dans une politique de cessions pour se concentrer sur ses activités européennes et américaines dans la banque de détail et d'investissement.

Barclays, qui avait annoncé en mars 2016 vouloir céder le contrôle de cette filiale, indique être dans l'attente de la validation des accords auprès des autorités sud-africaines qui lui permettront de passer sous 50% du capital et ainsi de ne plus comptabiliser dans ses comptes la société, dont il possédait encore 50,1% des parts au 31 décembre dernier.

Hors activités non prioritaires, la banque affiche toutefois une relative bonne santé, avec un bénéfice net plus que doublé à 1,2 milliard de livres.

"Il s'agit d'un nouveau trimestre marqué par de solides progrès vers la réalisation de la restructuration de Barclays", a déclaré dans le communiqué Jes Staley, directeur général de la banque.

Il ajoute que dans deux mois la transformation de Barclays, qu'il a impulsée depuis son arrivée aux commandes en décembre 2015, sera achevée, devenant une banque transatlantique, dédiée aux particuliers, aux entreprises et à la banque d'investissement.

ENQUÊTE EN COURS

Dans le détail de ses activités, la rentabilité de la banque de détail au Royaume-Uni Barclays UK n'a que légèrement progressé, la faiblesse des taux d'intérêt dans le pays pesant sur ses marges.

Le bénéfice a plus largement augmenté à l'international, la hausse de l'activité dans la banque d'affaires ayant plus que compensé la performance mitigée dans l'activité de marché.

Dans le même temps, Barclays n'a pas eu à souffrir de provisions d'ampleur liées à des litiges, alors que l'année 2016 avait encore été marquée par le coût du scandale des assurances-crédit PPI, qui affecte l'ensemble du secteur bancaire britannique.

Le marché goûtait néanmoins peu la publication du jour, comme en témoignait la chute de 4,04% à 214,90 pence de l'action vers 07H50 GMT à la Bourse de Londres dans un marché en légère baisse.

Enfin, la banque n'a pas dit un mot sur l'enquête des autorités financières britanniques annoncée début avril et qui vise son directeur général.

Jes Staley avait alors présenté ses excuses pour avoir tenté d'identifier un lanceur d'alerte au sein du groupe, ce que ne lui permet pas la réglementation. Le Conseil d'administration, sans attendre les conclusions de l'investigation, a d'ores et déjà décidé de procéder à une sévère réduction de la rémunération du dirigeant américain.

Le prochain rendez-vous d'importance sera l'assemblée générale des actionnaires prévue le 10 mai laquelle pourrait se révéler mouvementée au moment de reconduire dans ses fonctions M. Staley, alors que cette affaire assombrit la réputation de la banque qui commençait tout juste à tourner la page de longues années émaillées par les affaires.

Selon la presse britannique, l'influente société américaine de conseil aux actionnaires ISS recommande ainsi de s'abstenir de voter sur la réélection du dirigeant tant que l'enquête n'a pas abouti.

afp/jh