Le secteur financier européen est dans la tourmente après la victoire du Brexit lors du referendum britannique. L'indice sectoriel EuroStoxx 600 Banks signe la plus forte baisse, chutant de 13,98%, suivi de près par l'indice réunissant les sociétés d'assurance européennes qui lâche plus de 10%. Les banques sont particulièrement sensibles à la santé de l'économie du continent : elles ont certes un rôle dans son financement, à travers leur activité de prêteurs, mais bénéficient aussi de sa bonne santé.

En effet, plus les entreprises et les ménages sont prêts à investir, plus l'activité des banques est mise à contribution. A l'inverse, si les usagers optent plutôt pour l'épargne de précaution - une hypothèse soulevée ce matin par Morgan Stanley après le résultat du vote britannique - l'argent va dormir sur des comptes sans rapporter ni à l'économie réelle ni aux établissements bancaires.

Une autre crainte pour le secteur réside dans les conséquences que le Brexit pourrait avoir sur les taux d'intérêt européens. En effet, plusieurs observateurs estiment que le risque de récession a augmenté suite au référendum ce qui pourrait inciter la BCE et les autres banques centrales mondiales à intervenir. Si ces dernières décident de déverser de nouvelles liquidités sur le marché financier ou de baisser encore des taux d'intérêt déjà au plancher - voire négatifs en Europe et au Japon - les marges des banques et des compagnies d'assurance seront encore sous pression.

Plus globalement, le secteur financier britannique - incarné par la puissante City de Londres - risque de perdre en attractivité suite à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. "Bien sûr, la City de Londres va rester un grand centre international pour les services financiers. Mais il va sans doute perdre une partie de cette activité en devenant une place "offshore" et non plus "onshore" par rapport à l'Europe", met en garde Berenberg dans une note publiée ce matin.

Nombre d'établissements bancaires européens, actuellement installés en Angleterre, vont d'ailleurs sans doute se poser la question d'un déménagement si le Brexit se traduit par un moindre accès au marché européen.

Reste que la Banque d'Angleterre s'est voulue rassurante ce matin. Son gouverneur a affirmé que le système bancaire britannique était solide. Les banques britanniques ont nettement renforcé leurs fonds propres ces dernières années - levant 130 milliards de livres - qui leur permet de conserver une flexibilité nécessaire pour continuer à prêter de l'argent aux ménages britanniques. De plus, la BoE a affirmé qu'elle est prête à fournir 250 milliards de livres sterling supplémentaires pour assurer le bon fonctionnement des marchés.