La banque britannique a fait état mardi d'un bénéfice imposable ajusté de 5,5 milliards de livres, après 4,9 milliards en 2013. Les analystes s'attendaient en moyenne à 5,3 milliards de livres.

Le bénéfice ajusté ne tient pas compte des provisions pour frais juridiques qui ont bondi de 250% à 1,7 milliard de livres fin 2014 contre 485 millions un an plus tôt.

Ce montant comprend 1,25 milliard pour les enquêtes en cours et d'éventuels règlements négociés au sujet de manipulations présumées des taux de change, alors que cette provision était jusqu'à présent de 500 millions de livres.

Après prise en compte des charges, provisions et coûts de restructuration, le bénéfice imposable accuse un recul de 21% à 2,3 milliards de livres.

Vers 11h00 GMT, l'action Barclays cède environ 3% à la Bourse de Londres alors que l'indice du secteur bancaire européen ne perd que de 0,17%.

Acteur majeur de marché des changes, Barclays n'avait pas pu être partie prenante de l'accord entre les autorités américaines et britanniques et six autres banques négocié en novembre dernier pour mettre un terme aux enquêtes liées aux manipulations présumées des changes, faute d'être parvenue à s'entendre avec le régulateur bancaire de l'Etat de New York.

"La résolution de ces questions constitue un aspect important de notre plan pour Barclays, et même si cela peut s'avérer difficile, j'espère que nous réaliserons des progrès significatifs dans ce domaine en 2015", a dit le directeur général Antony Jenkins.

"Je considère le comportement au centre de ces enquêtes comme totalement incompatible avec nos valeurs et je partage la frustration des collègues et des actionnaires alors que des questions de cette nature continuent de porter ombrage à nos activités."

Barclays a dit vouloir parvenir à un règlement négocié avec autant d'autorités impliquées que possible et aussi rapidement que possible mais sans donner de calendrier précis.

En plus des enquêtes conduites par la Financial Services Authority britannique, la Commodities Futures Trading Commission et le Département des services financiers de l'Etat de New York, le Département américain de la Justice est en train de mettre la dernière main à sa propre enquête.

Barclays a prévenu que le règlement du dossier sur les manipulations présumées du marché des changes pourrait remettre en cause un accord d'abandon de poursuites passé avec le DoJ, qui a débuté en 2012 avec l'amende infligée à la banque dans l'enquête sur la manipulation du Libor et qui court jusqu'en juin.

Barclays fait aussi l'objet d'une enquête par les autorités américaines et britanniques sur les circonstances de sa levée de fonds auprès d'investisseurs qataris en 2008 et la banque a dit qu'un autre régulateur s'intéresse à l'intervention d'un intermédiaire dans cette opération.

La banque a par ailleurs provisionné 200 millions de livres supplémentaires au quatrième trimestre pour l'indemnisation de clients britanniques dans le cadre de litiges sur les assurances de prêts.

BAISSE DE 5% DES EFFECTIFS EN 2014

Depuis son arrivée à la tête de la banque en 2012, Jenkins a tourné le dos à l'ambition d'en faire une des grandes banques mondiales d'investissement, réduisant les effectifs dans ce domaine en faveur d'un repositionnement sur la banque de détail.

La banque a supprimé 7.300 postes l'année dernière, soit 5% de ses effectifs.

La nomination de John McFarlane à la présidence de Barclays a été perçue comme le signal d'une accélération de la politique de réduction de la voilure dans la banque d'investissement alors qu'il avait cédé des dizaines d'activités lorsqu'il occupait le même poste au sein de l'assureur Aviva.

"La vraie question pour moi, c'est le programme du nouveau président quand il débutera son mandat au printemps", a dit un des gros actionnaires de la banque.

"Les résultats sont moins importants que d'éventuels changements dans la stratégie à long terme, en particulier une décision sur le point de savoir si l'entreprise reste une banque universelle."

Barclays a dit que sa banque d'investissement avait connu un bon début d'année après un exercice 2014 à oublier et qui s'est soldé par une baisse d'un tiers du bénéfice imposable.

Le bénéfice imposable de l'activité de banque de détail et d'entreprise, principal moteur des profits de la banque, a en revanche progressé de 29%, grâce à la baisse des charges pour dépréciations.

Le montant des bonus payés par la banque a reculé de 22% à 1,86 milliard de livres. Jenkins s'est vu attribuer un bonus de 1,1 million de livres en plus d'une rémunération fixe complémentaire (role-based allowance), utilisée par les banques pour contourner les restrictions sur les bonus, de près d'un million de livres.

(Bertrand Boucey et Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Steve Slater et Matt Scuffham