(Actualisé avec la liste des sociétés allemandes)

par Thomas Escritt

ANKARA, 19 juillet (Reuters) - Le ministère allemand des Affaires étrangères a convoqué mercredi l'ambassadeur de Turquie pour lui remettre une lettre de protestation après le maintien en détention de six militants des droits de l'homme, dont un Allemand, arrêtés début juillet près d'Istanbul, a fait savoir Berlin.

Sigmar Gabriel, chef de la diplomatie allemande, a interrompu ses vacances pour des consultations sur le sujet, a ajouté Martin Schäfer, porte-parole du ministère.

Peter Steudtner a été interpellé le 5 juillet avec Idil Eser, directrice d'Amnesty International en Turquie, et huit autres militants des droits de l'homme, alors qu'ils participaient à un atelier sur la sécurité numérique et la gestion de l'information près d'Istanbul.

Ils sont poursuivis pour "commission d'un crime au nom d'une organisation terroriste sans en être membre", ce que le ministère allemand des Affaires étrangères a trouvé "absurde".

La justice turque s'est prononcée mardi pour le maintien en détention de six d'entre eux, dont Peter Steudtner et Idil Eser, et a ordonné la libération des quatre autres. La chancelière Angela Merkel a jugé cette décision "absolument injustifié".

Steffen Siebert, porte-parole du gouvernement, a évoqué mercredi une éventuelle suspension de l'aide financière européenne versée à Ankara.

"Malheureusement, nous avons constamment des raisons de parler à la Turquie des droits civiques et de la liberté de la presse", a-t-il déploré. "Nous pensons qu'il est important de réexaminer l'aide à la lumière des derniers événements."

Le cas de Peter Steudtner vient s'ajouter à celui du journaliste germano-turc Deniz Yucel, correspondant de Die Welt, arrêté en février pour diffusion de propagande terroriste, et à une longue série de litiges entre Berlin et Ankara.

Plus 150.000 personnes ont été limogées ou suspendues dans la fonction publique turque comme dans le secteur privé et 50.000 ont été arrêtées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis.

Selon l'hebdomadaire Die Zeit, les autorités turques ont remis à Berlin une liste de 68 sociétés allemandes, dont le géant de la chimie BASF, accusées d'avoir des liens avec Fethullah Gülen.

La société Daimler fait également partie de la liste, tout comme une épicerie de nuit et un kebab situé dans le nord-ouest de l'Allemagne.

"Nous n'avons jamais entendu parler de cette liste, nous ne pouvons donc pas nous exprimer sur le sujet", a dit une porte-parole de Daimler. (Jean-Philippe Lefief et Arthur Connan pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : BASF, Daimler