(Actualisé avec réunion)

HUNINGUE, Haut-Rhin, 13 janvier (Reuters) - Les salariés de l'usine BASF de Huningue (Haut-Rhin), où le groupe chimique allemand a annoncé 140 suppressions d'emplois, ont bloqué lundi les entrées du site avant de décider de l'occuper pour une durée indéterminée.

Tout en s'opposant à cette réduction de plus de la moitié de l'effectif, les salariés veulent faire pression sur la direction pour obtenir les meilleures conditions de départ possibles.

Une réunion organisée lundi après-midi entre leurs représentants et la direction du site, la neuvième dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi, n'a pas permis de débloquer la situation.

"On a discuté des grands sujets, ils n'ont pas bougé d'un poil. Ce sont les mêmes propositions que la dernière fois", a déclaré à la sortie Jules Schneider, délégué de la CGT, le seul syndicat représenté sur le site.

"On va demander à voir quelqu'un qui peut décider", a-t-il ajouté devant la centaine de salariés présents, avant de les inviter à occuper le site.

Les suppressions d'emploi annoncées en octobre dernier résultent de la décision du premier groupe chimique mondial d'arrêter la production des additifs et de réduire celle des pigments à Huningue.

La CGT demande notamment, pour les partants, un congé de reclassement de 36 mois rémunéré à 100% et une prime extra-légale de 300.000 euros pour tous.

Les salariés de BASF ont mis leur usine à l'arrêt, ainsi qu'une chaudière qui alimente trois autres centres de production chimique voisins appartenant à Novartis, TFL et Delpharm.

"Pour l'instant, nous pouvons continuer à produire pendant quelques jours grâce aux stocks mais cela peut nous mettre en difficulté à moyen terme", a indiqué à Reuters le directeur de l'usine Delpharm, Guillaume Sabatier.

Avec ceux de BASF, un millier de salariés pourraient être concernés par un arrêt de production si la situation perdure.

La direction de BASF a confirmé ces informations tout en les déplorant.

"On ne comprend pas ce blocage du site alors que les négociations ont débuté dans le cadre du PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi)", a dit à Reuters Jean-Marc Petat, directeur de la communication de BASF France.

Tandis que la CGT craint une fermeture à moyen terme de cette usine classée Seveso qui n'emploiera plus à terme que 102 personnes, la direction s'est à la pérenniser.

Le projet de réduction d'effectifs à Huningue, un site qui appartenait au groupe suisse Ciba, racheté en 2009 par BASF, s'inscrit dans un plan de restructuration des activités européennes du groupe de Ludwigshafen. (Patrick Genthon, avec Gilbert Reilhac à Strasbourg, édité par Yves Clarisse)