Le groupe américain juge la proposition actuelle, à 122 dollars par action, "incomplète et financièrement inadéquate".

Cette décision de Monsanto, annoncée par Reuters mardi de sources internes au groupe, vise à pousser Bayer à relever son offre alors même que certains actionnaires de la société lui reprochent déjà d'avoir fait une offre trop élevée. Les autres options sont soit de renoncer, soit de lancer une offre hostile.

Bayer n'a voulu faire aucun commentaire dans l'immédiat.

L'action, un temps suspendue, a rouvert à Wall Street affiche un gain de 2,71% à 108,87 dollars vers 19h40 GMT, un niveau inférieur au prix proposé par Bayer, qui reflète le scepticisme de certains investisseurs concernant cette offre.

Monsanto se dit "ouvert à des discussions continues et constructives" pour voir si "une transaction dans le meilleur intérêt des actionnaires de Monsanto peut être conclue".

Le conseil d'administration de Monsanto ne fixe toutefois aucun calendrier pour ces éventuelles discussions et souligne que rien ne garantit la conclusion d'un accord.

"Nous croyons aux bénéfices substantiels qu'une stratégie intégrée pourrait apporter aux agriculteurs et à la société et nous respectons l'entreprise Bayer depuis longtemps", a dit le directeur général de Monsanto, Hugh Grant, dans un communiqué.

"Toutefois, la proposition actuelle sous-évalue sensiblement notre société et n'aborde pas non plus correctement, ni ne rassure, sur certains des risques financiers et réglementaires potentiels attachés à cette acquisition", a-t-il ajouté.

Il n'était pas possible dans l'immédiat d'avoir des informations sur le prix que Monsanto serait prêt à accepter. Plusieurs analystes estiment que Bayer devra offrir beaucoup plus que ce qu'il propose actuellement pour l'emporter.

"Nous pensons qu'il est peu probable que l'affaire se fasse à 122 dollars et nous continuons à penser que 135 dollars est un prix plus probable", écrivaient les analystes de JPMorgan dans une note de recherche publiée la semaine dernière.

Via cette offre, Bayer vise à participer à la consolidation du secteur agrochimique, déclenchée notamment par la baisse des cours des matières premières qui affecte les revenus des agriculteurs, ainsi que par la convergence de plus en plus forte entre le marché des semences et celui des pesticides.

Le géant chinois ChemChina rachète le suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars à la suite du rejet par ce dernier d'une offre faite par Monsanto, tandis que Dow et DuPont fusionnent leurs activités dans ce secteur pour créer un groupe valorisé à 130 milliards de dollars.

Le groupe allemand BASF a également envisagé un rapprochement avec Monsanto. Mais il est peu probable qu'il renchérisse, a-t-on appris de sources proches du dossier.

(Avec Mike Stone à New York, Patricia Weiss à Francfort et Pamela Barbaglia à Londres, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Greg Roumeliotis

Valeurs citées dans l'article : Monsanto Company, Bayer AG, Syngenta AG, BASF SE