Le troisième groupe publicitaire mondial a enregistré une nouvelle contre-performance au troisième trimestre, payant le prix de l'échec d'une opération qui a accaparé ses équipes et ses dirigeants pendant plus de neuf mois aux dépens de la gestion de la société au quotidien.

Le publicitaire français ne s'attend pas à un rebond en fin d'année, tirant un trait sur sa prévision annoncée en début d'année d'une croissance du chiffre d'affaires supérieure à 4%.

"Avec les neuf premiers mois de l'année, on ne peut pas espérer que l'année dans son ensemble sera une de nos meilleures années. On peut même considérer qu'il vaut mieux l'avoir derrière soi et très vite s'engager pour une bien meilleure année 2015", a dit à la presse le président du directoire, Maurice Lévy.

Sur la période d'avril à juin, les revenus de Publicis ont atteint 1,75 milliard d'euros, affichant une croissance timide de 1,0% à données comparables (+4,4% en données publiées).

Elle marque une légère amélioration par rapport à la progression de 0,5% enregistrée au deuxième trimestre mais reste très loin du rebond qu'attendait le marché.

Sur la même période, l'ex-fiancé de Publicis Omnicom affiche, lui, une santé insolente avec une croissance organique de 6,5% tandis que son concurrent américain Interpublic IPG.N a progressé de 6,3%. Le numéro un mondial WPP publiera ses comptes vendredi la semaine prochaine.

"Nous avons une croissance organique qui est extrêmement modeste (...) et qui ne se situe pas (...) au niveau des attentes du marché ou des nôtres", a reconnu Maurice Lévy.

Le groupe s'attend à une fin d'année dans la tendance des neuf premiers mois marqués par une croissance de 1,5%.

Au troisième trimestre, le groupe, propriétaire de Saatchi & Saatchi et Leo Burnett, a notamment souffert des difficultés de son agence américaine spécialisée dans le numérique Razorfish, victime d'un trou d'air face à la chute des investissements de ses gros clients Motorola et BlackBerry.

"FIN D'UN CYCLE"

Connues, ces difficultés ont tardé à être réglées, ce qui a coûté à l'ensemble du groupe 200 points de base de croissance sur le trimestre, a concédé Maurice Lévy, annonçant une réorganisation de l'offre de Razorfish qui sera renforcée par d'autres agences du groupe.

Le groupe a également souffert d'une conjoncture de marché difficile dans certains pays émergents et dans une grande partie de l'Europe qui affiche une croissance négative.

"Nous sommes à la fin d'un cycle", a cependant souligné Maurice Lévy qui mise pour rebondir sur un nouveau plan stratégique qui devrait être présenté le 7 novembre.

Publicis a d'ores et déjà annoncé à mi-septembre une série de mesures dont une refonte de son équipe de direction qui a été élargie tandis que Maurice Lévy a été une nouvelle fois prolongé à la tête du groupe jusqu'au printemps 2017. Le mandat du PDG, âgé de 72 ans et dirigeant du groupe depuis 1987, était censé se terminer fin 2015.

Publicis a également annoncé à cette occasion un relèvement de sa politique de dividendes et annoncé un programme de rachats d'actions, dont l'ampleur reste à préciser, afin de redistribuer davantage d'argent à ses actionnaires.

Le titre Publicis a clôturé mercredi en hausse de 0,51% à 53,55 euros, donnant une capitalisation boursière de 11,8 milliards d'euros. Depuis le début de l'année, il affiche une baisse de 19,49%.

(édité par Jean-Michel Bélot)

par Gwénaëlle Barzic