Et si l'argent disparaissait ? Il ne s'agit bien sûr pas d'imaginer le retour du troc, mais la disparition de la monnaie. Une société sans pièces ni billets est-elle possible ? Depuis quelques années il est vrai, la dématérialisation de la monnaie s'accélère. Et surtout, elle est encouragée par les gouvernements.

En France, par exemple, le paiement en liquide chez les commerçants, est soumis à un seuil qui va être abaissé. Á compter du 1er septembre 2015, le paiement en liquide sera interdit pour un montant supérieur à 1 000 euros : il faudra régler les grosses factures par carte bancaire ou chèque, ou supporter une amende égale à 5% du montant du paiement (répartis entre le commerçant et l'acheteur).

Cette législation nouvelle est justifiée par la lutte contre la fraude, le blanchiment d'argent ou le financement du terrorisme, en permettant de « tracer » les transferts d'argent importants.



Parallèlement, tout est fait pour encourager les particuliers à utiliser leur carte bancaire. Le gouvernement veut supprimer les montants minimums imposés par certains commerçants. Ces seuils sont justifiés par les frais associés à ce mode de paiement, supportés par les commerçants. Le gouvernement a donc demandé aux banques de réduire ces frais, supprimant en particulier la « commission interbancaire de paiement » qui peut pénaliser les petits achats. Et de nombreux commerçants acceptent déjà les paiements « électroniques » dès le 1er euro.

Faut-il pour autant imaginer une disparition totale des espèces ? Certains l'envisagent sérieusement comme une suite logique à la dématérialisation de l'argent, apparue avec les chèques, prolongée avec les cartes de paiement, puis les paiements électroniques depuis un ordinateur ou un téléphone mobile, sans oublier l'essor rapide du paiement sans contact.

Au Danemark, le gouvernement a présenté un projet de loi autorisant dès 2016 les stations service, cafés, restaurants et boutiques de prêt-à-porter à refuser les paiements en liquide. Les arguments avancés ? Á la fois la simplification des transactions, la relance économique et la lutte contre la délinquance !



En Norvège, la disparition totale de l'argent liquide est envisagée en 2020, par l'association Finans Norge, qui regroupe 200 établissements financiers du pays. Il faut dire que dans le pays, les espèces ne sont plus utilisées que dans 5 % des transactions !

En France, une disparition de la monnaie semble plus difficile : culturellement, les français laissent encore une place - modeste mais indétrônable - au liquide dans leur quotidien pour régler des achats : 15% des transactions sont réalisées en liquide, mais 86 % des français souhaitent conserver la monnaie. Et surtout, la loi interdit aux commerçants de refuser un paiement en liquide, si le client fait l'appoint (dans la limite des 1 000 euros dès septembre).

Le porte-monnaie a encore de beaux jours devant lui. Et la tirelire n'est pas encore un objet de collection.

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