Première banque française à publier ses résultats du quatrième trimestre, BNP Paribas a dévoilé une performance rassurante et un plan de restructuration de son activité de banque d’investissement. Ces annonces ont permis au titre d’afficher vendredi l'une des plus fortes hausses de l’indice CAC 40 avec un gain de 1,49% à 41,575 euros. Les résultats de BNP Paribas se comparent favorablement aux publications décevantes de ces dernières semaines de ses concurrents européens, dont Credit Suisse hier.

Ces mauvais résultats combinés aux craintes à propos du niveau des créances douteuses des banques italiennes expliquent que BNP Paribas cède 18% depuis le 1er janvier.

L'année dernière, la banque française a généré un bénéfice net de 6,69 milliards d'euros contre seulement 157 millions d'euros en 2014. Les coûts liés au règlement d'un litige avec les Etats-Unis s'étaient alors élevés à 6 milliards d'euros. Hors éléments exceptionnels, le bénéfice net a augmenté de 7,3%.

Sur le seul quatrième trimestre 2015, son résultat net a chuté de 51,7% à 665 millions d'euros pour un produit net bancaire de 10,45 milliards, en hausse de 2,9%. Le résultat d'exploitation a, lui, reculé de 6,9% à 3,043 milliards, ressortant en ligne avec le consensus. Les comptes de ce trimestre ont été en particulier pénalisés par la dépréciation complète des survaleurs de la filiale italienne, BNL, soit -917 millions d'euros.

Etant donné les inquiétudes au sujet des créances douteuses des banques italiennes, BNP Paribas était attendu à propos de la situation de BNL. Cette dernière a annoncé un coût du risque en repli de 2,9% sur le trimestre et de 6,8% sur un an à –300 millions d'euros. Cette tendance à l'amélioration du coût du risque devrait continuer en 2016 grâce à la reprise économique, a indiqué la banque.

Cette publication a aussi été l'occasion pour la banque de dévoiler un plan de transformation de sa banque d'investissement afin de faire face aux nouvelles contraintes réglementaires. Elle souhaite ainsi réduire ses coûts d'au moins 1 milliard d'euros d'ici 2019 et développer les métiers moins consommateurs de fonds propres, comme le conseil. Ces actions doivent lui permettre d'accroître de 1,6 milliard d'euros le résultat avant impôts de cette activité par rapport à 2015 : 3,3 milliards. Le coût de ce plan est estimé à 800 millions d'euros sur 3 ans.

BNP Paribas a par ailleurs apporté des précisions sur la trajectoire du ratio de fonds propres durs. En hausse de 60 points de base en 2015, soit 10 points de mieux qu'attendu, à 10,9%, il devrait passer à 11,5% à la mi-2017 et 12% en 2018. Ces prévisions se comparent aux exigences de la BCE de 10% cette année et de 11,5% en 2019.

Enfin, la banque française a annoncé un dividende de 2,31 euros par action au titre de 2015, en ligne avec les attentes, et en nette hausse par rapport à l'exercice précédent : 1,50 euro. Il est au plus haut depuis 2008.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Première banque de dépôt en Europe continentale avec 4 marchés domestiques (Belgique, France, Italie et Luxembourg). Leader mondial en assurance des emprunteurs, septième asset manager européen, sixième banque privée mondiale, leader des prêts syndiqués pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, leader mondial dans l’aéronautique… ;
- Parmi les groupes bancaires de taille mondiale les plus résistants à la crise et ROE (rendement des fonds propres) parmi les plus élevés au monde ;
- Environnement économique et financier plus porteur pour la demande de crédits, autorisant une baisse des provisions pour risques et un redressement du produit net bancaire ;
- Réorganisation opérationnelle en 2 branches : la banque de détail et de services (dont l’assurance, crédit à la consommation…) pour 73 % des revenus et la banque d’investissement, pour 27% ;
- Mise en conformité des capitaux propres prudentiels avec les règles bientôt exigées des banques européennes, avec un ratio de "Common Equity Tier One" de 10,7 %, supérieur aux 9 % requis par Bâle III, et un ratio de levier de 3,8 %, supérieur aux 3 % exigés ;
- Impact positif sur le bilan de la politique de « Quantitative easing » de la BCE ;
- Valeur considérée par les gérants et analystes comme « best in class » de son secteur.

Les points faibles de la valeur
- Volatilité du secteur au rythme des soubresauts de la crise grecque ;
- Concurrence accrue des banques en ligne et risques liés à l’arrivée des grands de l’Internet et des télécom ;
- Stagnation des revenus de la banque de détail en Europe ;
- Montée des coûts de transformation de la banque dans le cadre du plan d'efficacité et de transformation ;
- Risque de baisse du cours en cas de cession de sa participation par l’Etat belge ;
- Plan stratégique 2014-2016 jugé peu innovant par les investisseurs.

Comment suivre la valeur
- Dans le contexte actuel, la valorisation des banques dépend de 5 points : leurs positions de liquidités, leur capacité à satisfaire au ratio de solvabilité dit « Bâle 3 » égal à 9 % des fonds propres, le contrôle de leurs engagements en banque d’investissement, la centralisation des compensations de dérivés et, enfin, les décisions des Banques centrales -Fed américaine et BCE européenne ;
- En contexte « normal », la valorisation dépend de 2 points : le coût du risque, lui-même lié à l’environnement économique, et le rendement des fonds propres ou ROE ;
- Renforcement légal de la protection des clients des banques (encadrement des commissions d’intervention) avec des risques pour la rentabilité de la banque de détail en France, déjà affectée par le recul des dépôts à vue au profit des comptes sur livrets ;
- Exécution du « Plan de développement 2014-2016 », réalisé à hauteur de 80 % : ROE (retour sur fonds propres) de 10 % au moins, croissance des bénéfices par action de 10 % par an, économies en année pleine de 2,8 Mds€, en banque de détail, croissance en Allemagne et Turquie, redimensionnement du réseau d'agences et montée de la banque privée, en financement et investissements, développement en Asie-Pacifique et Amérique du nord ;
- Capital éclaté mais pratiquement non opéable en raison de la présence d'actionnaires publics, notamment l’Etat belge premier actionnaire (10,3 %), devant les salariés (6,2 %), Axa (2,9 %) et le grand duché de Luxembourg (1 %).

Finance - Banques
Le secteur bancaire réduit la voilure. Après RBS, Credit Suisse, UBS, ou encore Deutsche Bank, c'est le géant britannique HSBC, qui a annoncé un nouveau plan stratégique visant à réduire ses effectifs, d'ici à 2017, de 50.000 employés. Le FMI a mis en garde contre les faiblesses persistantes des banques européennes. Il estime que leurs créances douteuses s'élèvent encore à plus de 900 milliards d'euros. Dans toutes les régions du globe, des vulnérabilités bancaires ont été soulignées par le FMI. En Chine le secteur bancaire subit une exposition excessive à l'immobilier, qui représente 20% de ses créances. Aux Etats-Unis, le FMI craint que la remontée annoncée des taux d'intérêt, après sept ans de taux proches de zéro, n'ait pas encore été prise en compte par les investisseurs.