Première banque française à publier ses résultats, BNP Paribas a annoncé vendredi un résultat net de 1,886 milliard d'euros, en hausse de 3,3% par rapport au troisième trimestre 2015. Un profit supérieur au 1,723 milliard du consensus établi pour Reuters par Inquiry Financial.

Ces bénéfices permettent à la banque de la rue d'Antin, parfois critiquée par certains analystes pour ne pas renforcer assez rapidement ses fonds propres, d'augmenter son ratio de solvabilité Common Equity Tier One (CET1) de 0,3% à 11,4% par rapport au 30 juin dernier.

Cette génération rapide de capital pourrait permettre à BNP de revoir à la hausse sa politique de distribution de dividende lors du nouveau plan stratégique, qui sera présenté l'année prochaine, a déclaré le directeur général délégué lors d'une conférence téléphonique.

"Cela dépendra de la réglementation", a précisé Philippe Bordenave, alors que les régulateurs ont fortement augmenté les niveaux de fonds propres exigés des banques depuis la crise financière de 2008.

L'augmentation rapide des coussins de capitaux de la banque pourrait lui permettre, estiment certains analystes, de mieux rémunérer les investisseurs une fois atteintes les exigences de fonds propres des régulateurs.

NOUVELLES ÉCONOMIES

En tout état de cause, le nouveau plan à horizon 2020 comprendra encore de nouveaux efforts de réduction de coûts, a dit Philippe Bordenave, dont la banque a déjà engagé des plans d'économies, tant dans la banque d'investissement que dans la banque de détail.

La Bourse a bien accueilli ces annonces même si pour certains intermédiaires de marché, l'action, qui a touché vendredi son plus haut de l'année, s'approche de son potentiel d'appréciation.

En fin de séance, le titre BNP Paribas gagne 0,77% à 53,92 euros alors que l'indice européen des banques cède 0,23%. Alors que ce dernier perd plus de 15% depuis le début janvier, l'action BNP s'adjuge plus de 3%.

"En temps normal, avec ces résultats, vous faites +3%/+5%, mais les banques ont énormément monté ces derniers temps et les arbres ne vont pas jusqu'au ciel", commente un analyste qui n'a pas souhaité être cité.

C'est dans la banque d'investissement que BNP a particulièrement tiré son épingle du jeu avec des profits avant impôts en hausse de 41,7% à 812 millions d’euros.

Dans le segment obligataire, changes et matières premières, l'activité a progressé de 41,3%, un dynamisme visible dans les comptes de résultats de nombreuses banques étrangères qui ont déjà publié leurs résultats.

Goldman Sachs, JPMorgan, Citigroup ou encore Bank of America pour les américaines mais également Deutsche Bank ou la britannique Barclays ont aussi annoncé de bonnes performances dans ce segment.

BAISSE DU COÛT DU RISQUE

Autre bonne nouvelle pour le groupe bancaire, la baisse du coût du risque - c'est-à-dire les provisions pour des crédits risquant de ne pas être remboursés - s'est élevé à 13,4% au troisième pour descendre à 764 millions d’euros.

Cette amélioration bénéficie particulièrement à l'activité banque de détail, qui souffre de la perte de revenus engendrée par la persistance de taux d'intérêt historiquement faibles.

Ces derniers abaissent néanmoins les coûts d'emprunt et de refinancement des particuliers et des entreprises, ce qui contribue à les solvabiliser et limiter les impayés.

Sur les marchés dits domestiques (France, Belgique, Luxembourg et Italie) de la banque de détail, le produit net bancaire est stable mais les profits avant impôts grimpent de 9,1% à 993 millions d’euros grâce à un coût du risque en retrait de 21,6%.

La baisse du coût du risque est particulièrement forte en Italie, où BNP a entrepris de recentrer les activités de sa filiale italienne BNL sur une clientèle d'entreprises plus solides.

La banque française y a en outre engagé un plan de restructuration qui passera par la réduction de 5% des effectifs et la fermeture de plus de 10% de ses agences.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva