(Actualisation: réaction en Bourse, commentaires d'analystes, précisions sur les réductions de coûts envisagées, montant du dividende distribué au titre de 2015)

L'action BNP Paribas (>> BNP Paribas) accuse la plus forte baisse des indices CAC 40 et SBF 120 mardi matin, pénalisée par des résultats trimestriels inférieurs aux attentes. Le groupe bancaire a également annoncé les grandes lignes de son nouveau plan stratégique 2017-2020, qui prévoit d'importantes réductions de coûts et des investissements de 3 milliards d'euros sur la période.

Vers 10h20, l'action chutait de 4,6% à 57,25 euros. Dans son sillage, les autres grandes banques françaises cotées, Société Générale et Crédit Agricole SA, reculaient respectivement de 2,7% et 1,7%.

Evoquant des résultats pénalisés par les éléments exceptionnels et des difficultés persistantes dans la banque de détail, Kepler Cheuvreux souligne que les réductions de coûts anticipées par BNP Paribas lui permettront "d'atteindre une rentabilité des fonds propres de 10%, mais sans le retour sur capital important que nous attendions". "De fait, cette publication de résultats est un peu décevante", soulignent le courtier, qui maintient sa recommandation "acheter" sur le titre.

Au total, "le groupe prévoit d'investir 3 milliards d'euros entre 2017 et 2019 dans ce programme qui générera 3,4 milliards d'euros d'économies sur la même période et 2,7 milliards d'économies annuelles récurrentes à partir de 2020 avec une contribution équilibrée de tous les pôles", a indiqué BNP Paribas dans un communiqué.

BGZ a pesé sur le quatrième trimestre

La première banque française cotée en termes d'actifs a déclaré que son résultat net avait atteint 1,442 milliard d'euros au cours des trois derniers mois de 2016, contre un profit de 665 millions d'euros pour la même période de l'année précédente. Les trois derniers mois de 2015 avaient été grevés par la dépréciation des écarts d'acquisition de la filiale italienne BNL pour 917 millions d'euros.

Les analystes anticipaient toutefois un résultat net plus élevé pour le quatrième trimestre 2016, à 1,558 milliard d'euros, selon le consensus élaboré par FactSet. Cet écart tient notamment à la dépréciation des survaleurs de la filiale polonaise BGZ pour 127 millions d'euros. Acquis en 2014 par BNP Paribas, cet établissement a vu son compte de résultat dégradé par la nouvelle taxe systémique instaurée par le gouvernement polonais sur les grandes banques du pays.

Hors éléments exceptionnels, le bénéfice de BNP Paribas a progressé de 14,3% au dernier trimestre 2016, à 1,814 milliard d'euros. Le produit net bancaire a crû de 2%, à 10,656 milliards d'euros, et le coût du risque (provisions pour risques de crédits impayés) a diminué de 1,9%, à 950 millions d'euros.

Le rôle moteur de la BFI

Le résultat trimestriel a été tiré par le pôle de banque de financement et d'investissement (BFI), et plus particulièrement par les activités de marché, qui ont bénéficié d'un environnement favorable depuis l'élection présidentielle américaine. Comme les grandes banques des Etats-Unis, BNP Paribas a vu les revenus des activités de "fixed income" (taux, changes, matières premières) progresser considérablement (+22,9%) au cours du dernier trimestre. Au total, la BFI a dégagé sur cette période un résultat avant impôts de 841 millions d'euros, soit un bond de 50,8% par rapport aux trois derniers mois de 2015.

La division de services financiers internationaux, qui comprend la banque de détail hors zone euro, la gestion d'actifs, le crédit à la consommation et les assurances, a vu son bénéfice avant impôt progresser de 2,5%, à 1,236 milliard d'euros.

Toujours lesté par l'environnement de taux très bas, qui comprime les marges nettes d'intérêt que les banques tirent de la transformation de ressources à court terme en prêts à long terme, le pôle "marchés domestiques", qui comprend l'activité de banque de détail en Europe, a accusé une baisse de 7,8% de son résultat avant impôts, à 622 millions d'euros, au quatrième trimestre.

Sur l'ensemble de l'année 2016, BNP Paribas a dégagé un bénéfice net de 7,702 milliards d'euros, en progression de 15,1% par rapport à l'année précédente. Les analystes tablaient en moyenne sur un résultat net part du groupe de 7,645 milliards d'euros pour 2016, d'après le consensus FactSet.

Hors éléments exceptionnels, le résultat est ressorti à 7,802 milliards d'euros l'an dernier, en augmentation de 6,3%. Le PNB s'est établi en 2016 à 43,411 milliards d'euros, soit une croissance de 1,1% par rapport à l'année précédente.

"Les revenus sont en progression malgré un contexte peu porteur cette année. Les coûts sont bien maîtrisés et le coût du risque est en baisse sensible", s'est félicité Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, dans le communiqué.

Un plan stratégique axé sur les investissements

La rentabilité des fonds propres s'élevait à 9,3% à la fin décembre, un niveau guère éloigné de l'objectif que le groupe s'était fixé dans le cadre de son plan stratégique 2014-2016.

Le ratio de solvabilité "Core equity tier one" (CET1), qui mesure les fonds propres de grande qualité rapportés aux actifs pondérés des risques, s'établissait à 11,5% au 31 décembre, supérieur aux 10% que BNP Paribas visait dans le cadre du plan 2014-2016.

Cette situation financière permettra à l'établissement bancaire de verser à ses actionnaires un dividende de 2,70 euros par action au titre de l'exercice écoulé, soit un taux de distribution de 45%, conforme à l'engagement du plan 2014-2016. Au titre de l'exercice 2015, BNP Paribas avait distribué un dividende de 2,31 euros par action.

Celui-ci étant arrivé à son terme, BNP Paribas a dévoilé les grandes lignes de son nouveau plan stratégique, qui court jusqu'en 2020. Alors que le précédent plan était axé sur les économies et la constitution de réserves de capital pour répondre aux exigences réglementaires, le nouveau prévoit 3 milliards d'euros d'investissements dans la tranformation du groupe, en particulier dans le digital.

BNP Paribas vise par ailleurs une croissance annuelle moyenne de 2,5% de son PNB d'ici à 2020, et une progression du bénéfice net de plus de 6,5% par an, en moyenne. A l'horizon 2020, la banque table sur une rentabilité des fonds propres de 10%, sur un ratio de solvabilité CET1 de 12%, et sur un taux de distribution du divividende de 50%.

BNP Paribas est la première des grandes banques françaises à publier ses résultats du troisième trimestre. Société Générale et Crédit Agricole SA présenteront leurs comptes pour cette période le 9 février pour la première, et le 15 février pour la seconde.

-Christine Lejoux, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 41 27 48 14; christine.lejoux@dowjones.com ed: VLV - ECH

(Valérie Venck et Blandine Hénault ont contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas