Jusqu'ici, tout va bien. Le Royaume-Uni, qui est en train d'entériner sa décision de quitter l'Union européenne (UE), voit son économie soutenue par la chute de la livre et l'embellie des marchés. Ses perspectives de court terme s'améliorent, et la Banque d'Angleterre relève à 2% sa prévision de croissance pour 2017. Tout comme le protectionnisme de la nouvelle administration Trump, le Brexit n'entrave pas la marche des affaires. Pour qui s'en étonnerait ou s'en réjouirait, l'explication est simple et incite à la prudence : il n'a pas encore eu lieu. Fin mars, dès le déclenchement de l'article 50 sur la procédure de sortie de l'UE, le gouvernement britannique entrera dans le vif du sujet. Il devra s'entendre avec la Commission sur le montant du « reste à liquider », qui est à sa charge et varierait entre 40 et 60 milliards d'euros. Il lui faudra ensuite s'attacher à défaire les innombrables liens tissés dans le cadre du marché unique, qui vont bien au-delà de simples accords tarifaires. Dans l'industrie automobile, les transports aériens, ou l'agroalimentaire, l'intégration est si profonde qu'un retour en arrière s'apparente à un épouvantable casse tête réglementaire et juridique. Dans ces domaines comme dans d'autres, il faudra beaucoup d'énergie et d'inventivité aux négociateurs du Brexit pour substituer aux accords existants des solutions acceptables par tous. On pourrait dire, en paraphrasant Schumpeter, que le Royaume-Uni entre dans un processus de « création destructrice » dont l'issue heureuse est bien difficile à concevoir.

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