Le secteur bancaire mondial enchaîne deux séances "noires", victime de la nervosité des investisseurs après le Brexit. A Londres, Barclays perd 15%, Lloyds 9,6% et RBS 15,2%. Depuis vendredi matin, leur capitalisation a fondu de respectivement 31%, 28,5%, 30%. La chute n'épargne pas les valeurs de la zone euro avec des replis de 9,4% pour BNP Paribas (-25% en deux séances), 9,6% pour Société Générale (-28% en deux séances), 7,3% pour Deutsche Bank (-20% en deux séances), 3% pour Banco Santander (-22% en deux séances) et 15% pour Intesa Sanpaolo (-33% en deux séances).

A Wall Street, Goldman Sachs, Morgan Stanley, JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup sont également très mal orientées. Le secteur est en premier lieu affecté par l'incertitude sur le calendrier de sortie du Royaume-Uni et les négociations concernant la place de la City. Les banques anglo-saxonnes risquent de perdre leur accès "gratuit" au marché unique européen. Sans leur passeport, les établissements seraient obligés de traverser la Manche pour opérer au sein de l'Union européenne.

Les investisseurs s'inquiètent également de l'impact du ralentissement prévisible de l'économie britannique sur le secteur alors que l'essentiel des établissements sont implantés à la City pour leurs activités sur les marchés financiers.

Preuve de ces craintes, de nombreux brokers ont publié depuis vendredi des notes pessimistes sur le secteur bancaire. Société Générale a ainsi dégradé sa recommandation sur les banques européennes, passant de Surpondérer à Neutre. Compte tenu de la chute des titres vendredi, il juge qu'il est trop tard pour passer à Souspondérer. Le courtier se montre prudent, estimant que le secteur ne devrait pas surperformer dans le contexte politiquement et économique incertain post-Brexit.

Même ton prudent chez JPMorgan, qui a révisé à la baisse ses prévisions de bénéfices par action pour les banques européennes. Le bureau d'études estime également que le coût du capital (11% en moyenne actuellement) des banques pourrait encore augmenter en raison des fortes incertitudes sur le secteur au Royaume-Uni et dans l'Union européenne.

Fort de ce constat, JPMorgan a révisé ses objectifs de cours de 40 à 36 euros pour BNP Paribas, de 34 à 31 euros pour Société générale, de 9,5 à 8,5 euros pour Crédit agricole et de 5 à 4,2 euros pour Natixis.

De son côté, Barclays redoute une pression à la baisse sur les revenus et la rentabilité des prêts des banques. Pour la banque britannique, le principal sujet pour les établissements européens devrait être l'évolution de la situation économique en Europe.

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Société Générale