Martine Pauwels et Grainne McCarthy

DOW JONES NEWSWIRES

La banque française BNP Paribas (>> BNP PARIBAS) a annoncé jeudi la cession au groupe américain Simon Property d'un bloc de 28,7% dans la foncière d'immobilier commercial Klépierre (>> KLEPIERRE), une opération qui lui permet de réduire la taille de son bilan afin de répondre aux nouvelles normes réglementaires.

La cession de ce bloc de 54,43 millions d'actions, au prix unitaire de 28 euros par action, soit une prime de 20% par rapport au dernier cours, permettra à BNP Paribas de dégager une plus-value d'environ 1,5 milliard d'euros.

Elle contribuera pour 32 points de base à l'objectif de la banque d'atteindre un ratio common equity Tier 1 de 9% dès le 1er janvier 2013 conformément aux nouvelles règles prudentielles de Bâle III.

A l'instar d'autres banques françaises, BNP Paribas a engagé un vaste plan de restructuration destiné à rassurer les investisseurs et à s'adapter au nouvel environnement réglementaire. En septembre, la banque avait annoncé qu'elle allait réduire de 70 milliards d'euros ses actifs pondérés, et elle avait dévoilé en novembre un projet de restructuration comprenant la suppression de 1.400 emplois, soit quelque 7% de ses effectifs, dans la banque de financement et d'investissement.

En se désengageant partiellement de Klépierre, BNP Paribas ne devra plus consolider sa filiale dans son bilan, ce qui lui permettra de réduire ses actifs à risque, ont souligné des analystes. "L'impact est beaucoup plus positif que nous le pensions", a estimé dans une note Pascal Decque, de Cheuvreux. "C'est une très bonne nouvelle pour BNP Paribas, qui est désormais clairement en avance sur ses objectifs" en termes de normes prudentielles, a-t-il poursuivi, ajoutant que l'opération pourrait permettre à la banque de verser un dividende en numéraire en 2012.

BNP Paribas, la première banque française en termes de capitalisation boursière, a indiqué dans son communiqué qu'elle conserverait 22,2% du capital de Klépierre après l'opération avec Simon Property et qu'elle avait vocation à rester "un actionnaire significatif" de la société, s'engageant à garder l'intégralité de sa participation "au moins un an".

Simon Property, première foncière cotée aux Etats-Unis et leader de l'immobilier commercial, deviendra le premier actionnaire de Klépierre. Le groupe a toutefois indiqué dans un communiqué qu'il n'avait pas l'intention d'acheter des actions supplémentaires de la foncière dans l'immédiat.

Il a précisé que son PDG, David Simon, allait prendre la présidence du conseil de surveillance de la foncière, en remplacement de Michel Clair.

Deux autres représentants du groupe américain vont rejoindre le conseil, composé de neuf membres, alors que le nombre de sièges détenus par BNP Paribas passera de cinq à deux.

L'opération, qui devrait être bouclée la semaine prochaine, "est une très bonne nouvelle pour Klépierre", a souligné de son côté Laurent Morel, le président du directoire de Klépierre, interrogé par Dow Jones Newswires.

"Simon Property est un investisseur qualifié, en phase avec la stratégie du groupe présentée en février. Cette collaboration sera très attractive pour le groupe et constitue un atout pour soutenir sa croissance rentable", a-t-il ajouté.

Le groupe américain a "une bonne connaissance du comportement des consommateurs et peut apporter beaucoup de valeur à la foncière", a confirmé Jean-Yves Devloo, analyste chez ING.

Klépierre veut renforcer ses fonds propres et réduire son endettement en accélérant le rythme des cessions d'actifs matures ou non stratégiques, ainsi qu'en offrant la possibilité à ses actionnaires d'obtenir le paiement du dividende de 2011 en actions.

"Ce rachat par Simon Property traduit l'appétit potentiel d'investisseurs américains pour l'Europe. On les croyait terrifiés par la crise dans la zone euro, ce n'est apparemment pas le cas", a commenté Samuel Henry-Diesbach, analyste chez Kepler Capital Markets.

C'est peut-être aussi "le signe que le potentiel du marché de l'immobilier commercial est plus élevé en Europe qu'aux Etats-Unis", selon Jean-Yves Devloo.

La nouvelle a été bien accueillie à la Bourse de Paris: Klépierre bondissait de 8,4% à 25,35 euros vers 15h52, ramenant à environ 19% sa décote par rapport à son actif net réévalué de 31,4 euros à la fin décembre. BNP Paribas gagnait 3,3% à 36,85 euros.

La plupart des analystes ont estimé que BNP Paribas avait obtenu un bon prix pour sa participation.

"Les foncières se paient généralement avec une décote de 20% et là, Simon Property, un acteur opérationnel, est disposé payer une décote de 10% sur une société qui était encore moins bien valorisée que les autres", a commenté Samuel Henry-Diesbach.

"Le fait qu'un acteur opérationnel paie 10% de décote pour une société fortement exposée à l'Europe du Sud peut traduire une meilleure valorisation potentielle pour les autres acteurs du secteur que ce que reflète le cours de Bourse", a-t-il ajouté.

Klépierre est l'un des principaux acteurs sur le marché européen de l'immobilier commercial, avec un patrimoine estimé à 16,2 milliards d'euros à la fin 2011, dont 92,7% de centres commerciaux. Le groupe possède actuellement 271 centres commerciaux dans 13 pays.

Son activité est centrée sur la détention, la gestion et le développement de centres commerciaux en France, en Belgique, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Scandinavie et en Europe centrale.

Elle a fait preuve de résistance en 2011, avec une progression de 4% des loyers à 945,1 millions d'euros, et devrait continuer à progresser cette année en dépit du contexte pourtant défavorable à la consommation en Europe.

Lors de la publication de ses résultats annuels en février, Klépierre avait proposé le versement d'un dividende de 1,45 euro par action au titre de 2011, en hausse de 7,4%, avec une option de paiement en actions. BNP Paribas et Simon Property ont souscrit à cette possibilité mais leur engagement reste toutefois à confirmer "en fonction du cours de l'action pendant la période d'option", a indiqué une porte-parole.

-Martine Pauwels et Grainne McCarthy, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 69; martine.pauwels@dowjones.com

Valeurs citées dans l'article : BNP PARIBAS, KLEPIERRE