New Delhi (awp/afp) - Le constructeur Boeing a remporté vendredi une manche sur le marché du transport aérien indien, à l'expansion la plus rapide du monde, grâce à un contrat avec la low-cost SpiceJet pour lui vendre "jusqu'à" 205 avions, soit 20,6 milliards au prix catalogue.

"C'est le plus gros contrat pour SpiceJet, l'un des plus gros pour l'aviation indienne et le plus gros pour Boeing en Inde", s'est félicité Ajay Singh, le président de SpiceJet, en annonçant lors d'une conférence de presse à New Delhi ce pacte à 1.500 milliards de roupies.

Sur les 205 avions, "155 sont une commande ferme, et 50 une option", a-t-il précisé à l'AFP. Les premiers avions, dont 100 737 Max, seront livrés à partir de 2018 et jusqu'en 2024.

En 2014, SpiceJet avait connu d'importantes difficultés financières et dû annuler près de 2.000 vols pour limiter ses pertes.

Étant incapable à l'époque d'honorer une commande au constructeur américain, celui-ci avait fait preuve de magnanimité, forgeant un lien fort entre les deux marques.

Passée à deux doigts de la faillite, l'entreprise de Gurgaon (banlieue de New Delhi) a depuis renoué avec une bonne santé financière.

"Notre retournement de situation a peu d'équivalents dans le monde aujourd'hui et nous en sommes fiers", a déclaré M. Singh.

Quatrième compagnie aérienne d'Inde, avec 12,8% des parts de marché, SpiceJet a enregistré dernièrement sept trimestres consécutifs de bénéfices.

Boeing s'est lui dit, par la voix de son vice-président Ray Conner, "honoré de poursuivre un partenariat de plus d'une décennie avec SpiceJet".

Cette commande marque un passage à l'étape supérieure pour l'entreprise indienne. Elle possédait jusqu'ici 49 avions, 32 Boeing 737 NG et 17 Bombardier Q-400s.

Les options prises par SpiceJet portent sur des avions long courrier, la compagnie se réservant ainsi la possibilité de se développer à l'avenir dans le low-cost à l'international.

- Expansion -

La plupart des compagnies aériennes indiennes utilisant des A380 d'Airbus, ce contrat est une victoire importante pour Boeing sur le crucial marché indien, selon les experts.

"L'Inde a besoin de 1.850 avions représentant 265 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années. Nous attendons d'autres commandes en provenance d'Inde", a déclaré Dinesh Keskar, président de Boeing India.

La très compétitive industrie aérienne de ce pays de 1,2 milliard d'habitants a connu un boom ces dernières années, portée par la hausse du niveau de vie et l'émergence d'une classe moyenne qui voyage davantage.

De moins de 20 millions par an en 2004, près de 90 millions de passagers ont pris l'avion en Inde au cours de l'année écoulée, selon des chiffres du Centre for Aviation (CAPA). Ils pourraient être 100 millions au cours de la prochaine année financière.

Cette croissance fait de l'Inde le marché du transport aérien à l'expansion la plus rapide, grandissant près de deux fois plus vite que celui de la Chine.

La baisse du prix du pétrole corrélée à l'augmentation du nombre de voyageurs ont permis aux compagnies aériennes de renforcer leurs finances, selon les analystes.

La plupart des compagnies indiennes restent cependant lourdement endettées, à l'image de la l'entreprise publique Air India qui survit sous perfusion du gouvernement.

Dans son bilan commercial publié la semaine dernière, Boeing a annoncé avoir livré 748 appareils en 2016 et enregistré 668 commandes nettes dans le monde, des chiffres en baisse.

Il s'est cependant imposé devant son rival européen Airbus en termes de livraisons mais lui a concédé la première place du podium en matière de commandes.

afp/rp